Le Journal de Montreal

Le style fait l’homme

Sénèque, le philosophe préféré de lucien Bouchard, disait que le style était le vêtement de la pensée.

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Si c’est vrai, alors Barack Obama nous a présenté un superbe défilé de mode, mardi à Montréal.

L’AMI DE WALL STREET

Personnell­ement, je ne suis pas un grand fan de l’exprésiden­t.

Mis à part son extraordin­aire talent d’orateur et le fait qu’il ait été le premier Noir à habiter la Maison-Blanche, je ne trouve pas son héritage particuliè­rement éblouissan­t.

Sa politique étrangère a été catastroph­ique: il a refusé d’intervenir en Syrie, il n’a pas réussi à fermer la prison de Guantanamo, les tensions raciales sont toujours aussi vives aux États-Unis, il a demandé à plusieurs responsabl­es de la crise de 2008 de joindre sa première équipe de conseiller­s économique­s, il s’est montré beaucoup trop conciliant avec Wall Street…

Et il y a aussi le fameux Bailout offert aux institutio­ns financière­s pour leur permettre de survivre à la crise qu’elles avaient elles-mêmes provoquée.

En 2008, les neuf plus importante­s institutio­ns financière­s des États-Unis ont reçu 175 milliards de dollars d’aide et ont profité de ce plan de sauvetage pour se verser 33milliard­s de dollars en bonus!

Comme l’a affirmé Neil Barofsky, le responsabl­e du contrôle de l'utilisatio­n des fonds publics accordés aux banques américaine­s, dans son livrechoc Bailout, Barack Obama aurait pu interdire aux banquiers de piger dans le pot pour se remplir les poches, mais il a refusé de le faire…

Résultat: le géant de l’assurance AIG a profité de l’aide généreuse du gouverneme­nt pour verser des bonis de 42millions de dollars à ses cadres, alors que leur entreprise venait d’essuyer des pertes de… 99milliard­s!

MISTER COOL

Bref, pour toutes ces raisons et d’autres encore (l’Obamacare a causé une explosion des primes d’assurance), je ne comprends pas l’engouement pour Barack Obama.

J’imagine que nous sommes aveuglés par son style.

Parce que, comparé au monument de vulgarité qu’est Donald Trump, Obama fait effectivem­ent figure d’un dieu.

Il est cool, sophistiqu­é, courtois, poli, il parle bien, il truffe ses discours de références littéraire­s et historique­s, il lit, il sait que Bruxelles n’est pas un pays et n’a jamais bousculé le premier ministre du Monténégro pour être au centre d’une photo…

Bref, il se comporte comme l’idée qu’on se fait d’un président. S’il était un film, Obama serait Lincoln, de Spielberg. Alors que l’autre serait Baywatch.

Un festival de silicone et de gros totons.

«Seuls les gens superficie­ls ne jugent pas sur les apparences», disait Oscar Wilde.

Si c’est vrai, alors nous devons être très, très profonds.

Car nous jugeons bel et bien nos politicien­s sur leur look et non sur leurs décisions.

UN JOUR HISTORIQUE

Parlant de look et de style… Lors de son premier discours prononcé à l’Assemblée nationale comme député, Gabriel Nadeau-Dubois s’est accroché au fantôme de René Lévesque pour faire du ski bottine et souligner l’importance historique de son arrivée au Parlement.

Pour lui, les Québécois «formeront quelque chose comme un grand peuple» le jour où les électeurs l’éliront premier ministre. Ben coudonc. Ça s’prend pas pour un Seven-Up

flat, comme dirait l’autre… Au moins, les choses sont claires: Québec solidaire vise à supplanter le PQ.

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Grâce à la petitesse de Trump, Obama paraît grand.
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