Le style fait l’homme
Sénèque, le philosophe préféré de lucien Bouchard, disait que le style était le vêtement de la pensée.
Si c’est vrai, alors Barack Obama nous a présenté un superbe défilé de mode, mardi à Montréal.
L’AMI DE WALL STREET
Personnellement, je ne suis pas un grand fan de l’exprésident.
Mis à part son extraordinaire talent d’orateur et le fait qu’il ait été le premier Noir à habiter la Maison-Blanche, je ne trouve pas son héritage particulièrement éblouissant.
Sa politique étrangère a été catastrophique: il a refusé d’intervenir en Syrie, il n’a pas réussi à fermer la prison de Guantanamo, les tensions raciales sont toujours aussi vives aux États-Unis, il a demandé à plusieurs responsables de la crise de 2008 de joindre sa première équipe de conseillers économiques, il s’est montré beaucoup trop conciliant avec Wall Street…
Et il y a aussi le fameux Bailout offert aux institutions financières pour leur permettre de survivre à la crise qu’elles avaient elles-mêmes provoquée.
En 2008, les neuf plus importantes institutions financières des États-Unis ont reçu 175 milliards de dollars d’aide et ont profité de ce plan de sauvetage pour se verser 33milliards de dollars en bonus!
Comme l’a affirmé Neil Barofsky, le responsable du contrôle de l'utilisation des fonds publics accordés aux banques américaines, dans son livrechoc Bailout, Barack Obama aurait pu interdire aux banquiers de piger dans le pot pour se remplir les poches, mais il a refusé de le faire…
Résultat: le géant de l’assurance AIG a profité de l’aide généreuse du gouvernement pour verser des bonis de 42millions de dollars à ses cadres, alors que leur entreprise venait d’essuyer des pertes de… 99milliards!
MISTER COOL
Bref, pour toutes ces raisons et d’autres encore (l’Obamacare a causé une explosion des primes d’assurance), je ne comprends pas l’engouement pour Barack Obama.
J’imagine que nous sommes aveuglés par son style.
Parce que, comparé au monument de vulgarité qu’est Donald Trump, Obama fait effectivement figure d’un dieu.
Il est cool, sophistiqué, courtois, poli, il parle bien, il truffe ses discours de références littéraires et historiques, il lit, il sait que Bruxelles n’est pas un pays et n’a jamais bousculé le premier ministre du Monténégro pour être au centre d’une photo…
Bref, il se comporte comme l’idée qu’on se fait d’un président. S’il était un film, Obama serait Lincoln, de Spielberg. Alors que l’autre serait Baywatch.
Un festival de silicone et de gros totons.
«Seuls les gens superficiels ne jugent pas sur les apparences», disait Oscar Wilde.
Si c’est vrai, alors nous devons être très, très profonds.
Car nous jugeons bel et bien nos politiciens sur leur look et non sur leurs décisions.
UN JOUR HISTORIQUE
Parlant de look et de style… Lors de son premier discours prononcé à l’Assemblée nationale comme député, Gabriel Nadeau-Dubois s’est accroché au fantôme de René Lévesque pour faire du ski bottine et souligner l’importance historique de son arrivée au Parlement.
Pour lui, les Québécois «formeront quelque chose comme un grand peuple» le jour où les électeurs l’éliront premier ministre. Ben coudonc. Ça s’prend pas pour un Seven-Up
flat, comme dirait l’autre… Au moins, les choses sont claires: Québec solidaire vise à supplanter le PQ.