Déclaration-choc de l’ex-chef du FBI
James Comey affirme que Donald Trump lui a personnellement demandé d’enterrer une enquête
LE JOURNAL | Dans une audition très attendue, l’ex-directeur du FBI, James Comey, a prévu ce matin de décrire en comité sénatorial comment Donald Trump lui avait demandé d’enterrer une enquête sur l’un de ses proches, dans la vaste affaire des ingérences russes durant les élections aux États-unis.
Le récit de M. Comey a été publié sous la forme d’un texte de sept pages que celui-ci prévoit lire lors de son audition devant la commission du Renseignement du Sénat, sa première apparition publique depuis son limogeage brutal le 9 mai.
Il y confirme que Donald Trump lui avait demandé d’abandonner toute enquête sur Michael Flynn, son conseiller à la sécurité nationale mêlé à l’affaire de l’ingérence russe dans l’élection et évincé en février.
L'audition sera exceptionnellement retransmise sur les chaînes généralistes ABC, CBS et NBC, en plus des chaînes d'information continue.
LE PRÉSIDENT « SATISFAIT »
À trois reprises, M. Comey a confirmé à M. Trump qu’il n’était pas visé par une enquête. Mais il a refusé de l’exonérer publiquement, comme le lui demandait le dirigeant républicain.
Le récit de M. Comey est frappant par la description de son malaise face aux requêtes insistantes du milliardaire.
De son côté, le président s’est dit par la voix de son avocat «complètement conforté» par celui-ci.
Il est «satisfait» que James Comey ait «finalement confirmé publiquement ses informations privées disant que le président ne faisait pas l’objet d’une enquête relativement à une investigation sur la Russie», écrit Me Marc Kasowitz.
DESTITUTION POSSIBLE ?
Si les démocrates ont immédiatement dénoncé le franchissement d’une ligne rouge par le président, ouvrant pour certains la voie à une procédure de destitution, de nombreux républicains serraient au contraire les rangs, soulignant que l’ancien grand policier n’avait pas dénoncé de délit du président américain.
Selon Christophe Cloutier-Roy, chercheur en résidence à l’Observatoire des États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand, le témoignage de l’exdirecteur du FBI «va alimenter l’aura du scandale des liens entre la campagne de Donald Trump et la Russie, mais également pour la présumée tentative d’obstruction de la justice».
«Ça pourrait avoir des répercussions très graves si on réussit à prouver les dires de M. Comey. Mais ça va quand même jouer sur la légitimité comme président de M. Trump», a-t-il affirmé au Journal.
WASHInGTon | (AFP) Choisi par Donald Trump pour diriger la police fédérale américaine, Christopher Wray est un juriste brillant relativement peu connu, qui a travaillé dans le gouvernement de George W. Bush sans en ressortir avec une étiquette politique trop marquée.
S’il est confirmé par le Sénat, M. Wray entamera un mandat de 10 ans comme chef du FBI, succédant à James Comey, brutalement limogé en mai par le président américain.
Son premier défi sera de rassurer, d’abord les plus de 30000 employés du prestigieux bureau centenaire, jaloux de leur indépendance, ensuite l’opinion publique américaine, qui redoute que l’institution tombe sous la coupe de la MaisonBlanche.
PEu ConTrovErSÉ
«J’ai hâte de me mettre au service du peuple américain, avec intégrité», a réagi Christopher Wray, cité par la MaisonBlanche. «Il s’agit d’une personne aux références impeccables et je sais qu’il servira le pays en défenseur farouche du droit», a commenté Donald Trump.
L’annonce présidentielle a surpris: l’heureux élu n’était pas sur la liste initiale des candidats envisagés pour le poste, où figuraient en revanche des poids lourds républicains conservateurs.
De ce point de vue, M. Wray peut être considéré comme un choix apparemment peu controversé, évitant d’immédiates critiques de «politisation» du FBI, d’autant plus qu’il a passé ces dernières années dans un cabinet d’avocats.
Cet ancien procureur fédéral, né en 1967 à New York, est d’ailleurs issu d’une famille comptant de nombreux juristes. Diplômé de la faculté de droit de Yale en 1992, il a aussi été rédacteur en chef du Yale Law Journal, une fonction réservée à l’élite des étudiants.
Christopher Wray est proche du gouverneur du New Jersey, Chris Christie, un républicain qui se serait bien vu intégrer le gouvernement Trump s’il n’avait été mêlé à un scandale d’embouteillage monstre provoqué pour punir un maire adversaire politique. M. Wray a défendu M. Christie dans cette affaire baptisée Bridgegate.
Avant de travailler dans le privé, Christopher Wray a dirigé de 2003 à 2005 la division pénale du ministère américain de la Justice.