Le Bloc québécois au bord de la mutinerie
ottawa | la guerre interne au Bloc québécois provoque une réunion d’urgence ce matin, après que sept de ses 10 élus eurent publiquement attaqué leur chef martine ouellet hier, menaçant de ne plus collaborer avec elle.
«Notre lien de confiance envers Martine [Ouellet] est affecté, et ça va prendre bien du travail pour le réparer», a affirmé le député de Joliette Gabriel SteMarie, aux côtés de six de ses collègues.
Une réunion d’urgence entre la chef du Bloc et ses députés était prévue hier soir, pour «laver le linge sale en famille». La chef Martine Ouellet l’a plutôt reportée à ce matin, pour attendre la whip Marilène Gill, en voyage à New York.
CHEF DE CABINET
Moins de trois mois après son élection comme chef du Bloc québécois, Martine Ouellet a déjà une crise majeure à gérer au sein même de son parti.
Son chef de cabinet Louis-Philippe Dubois a été mis à la porte hier, peu après la publication d’un article du Huffington Post selon lequel il aurait laissé filtrer des informations dans les médias «dans le but avoué» de nuire à un député de son parti, Rhéal Fortin.
M. Dubois a soulevé que le cabinet d’avocats pour lequel travaille M. Fortin a fait affaire avec l’ex-maire de Saint-Jérôme, Marc Gascon, dont le nom a été mentionné à la commission Charbonneau, mais qui n’a jamais été accusé.
Les députés bloquistes n’ont pas apprécié cette fuite dans les médias. Martine Ouellet a reconnu que son employé «n'a plus le lien de confiance» avec les élus, et condamne «toutes pratiques de coulage dans les médias».
TENSIONS
Le couronnement de Martine Ouellet à la tête du Bloc, en mars, a fait émerger deux clans au sein des troupes.
D’une part, trois députés de l’entourage de la chef ont des fonctions privilégiées au sein du parti: le leader parlementaire Xavier Barsalou Duval, la whip Marilène Gill et le président Mario Beaulieu.
De l’autre, les sept députés restants, dont quatre qui ont appuyé Mme Ouellet à la direction du parti, demandent des comptes à leur chef ce matin.
GUERRE INTERNE
«Il y a une espèce de petite mutinerie, il faut qu’elle s’arrête, à l’intérieur du caucus [...] de l’ancienne gang. [...] C’est une “guéguerre” d’ego», a commenté hier Martine Ouellet au 98,5 FM.
Autre signe de tensions au Bloc, Mme Ouellet aurait fait retirer du site internet un communiqué au sujet de la Banque de l’infrastructure du Canada, rédigé par deux députés qui ne l’avaient pas consultée.
Les sept élus insatisfaits ont qualifié de «manque de jugement» le choix de chef de cabinet de Mme Ouellet. Ils souhaitent que celle-ci s’excuse aujourd’hui.
Martine Ouellet et Louis-Philippe Dubois n’ont pas souhaité accorder d’entrevue au Journal.