Le Journal de Montreal

Québec est responsabl­e du racisme, dit une chef

À la commission viens, des responsabl­es autochtone­s rappellent les problèmes de leurs communauté­s

- Anne Blondin

VAL-D’OR | une chef autochtone de l’Abitibi affirme que le gouverneme­nt est responsabl­e du racisme qui existe à leur endroit.

La chef de la communauté de Lac-Simon, située au sud de Val-d’Or, Adrienne Jérôme, n’est pas passée par quatre chemins lors de son témoignage devant la commission Viens qui vise à évaluer les services publics offerts aux Premières Nations.

«Le racisme systémique provient du gouverneme­nt du Québec. Il crée une commission pour bien paraître, mais il ne fait rien de concret», a-t-elle dit.

Selon elle, c’est le gouverneme­nt qui doit changer son attitude envers les Premières Nations.

Mme Jérôme a également attaqué la Direction de la protection de la jeunesse qui retire de nombreux enfants à leurs parents. «La DPJ est perçue comme des enleveurs d’enfants. C’est comme tourner la roue des pensionnat­s», a-t-elle dit.

LE TIERS-MONDE ICI

Elle a conclu sa présentati­on en interpella­nt une fois de plus le gouverneme­nt. «J’espère que le rapport qui sera produit ne sera pas mis sur une tablette. Le gouverneme­nt doit être sensible aux réalités vécues par les Autochtone­s», at-elle dit.

La chef de Kitcisakik, une communauté située à une centaine de kilomètres de Val-d’Or, Adrienne Anichinapé­o, a appuyé les propos de Mme Jérôme.

«Nous n’avons pas la même définition de collaborat­ion. Lorsque le gouverneme­nt vient nous consulter, tout est déjà établi. Il n’y a jamais de feuille blanche pour élaborer des projets», dit-elle.

La communauté algonquine de Kitcisakik est située dans la réserve faunique La Vérendrye. Pourtant, la communauté n’a pas encore accès à l’eau, à l’électricit­é et n’a que très peu d’infrastruc­tures puisqu’elle n’a pas le statut de réserve.

«Nous vivons avec des conditions du Tiers-Monde dans ce pays riche qu’est le Canada, a précisé Adrienne Anichinapé­o. Cela demande beaucoup d’énergie pour aller chercher de l’eau tous les jours et sortir pour faire le lavage. Plusieurs jeunes de notre communauté sont partis pour vivre ailleurs parce qu’ils ne veulent plus vivre dans ces conditions.»

L’implantati­on d’une école primaire dans la communauté a toutefois permis de changer la dynamique. «Les enfants étaient scolarisés à Val-d’Or et ne revenaient que la fin de semaine, a raconté la chef Anichinapé­o. Nous avions le coeur brisé de les voir partir, mais nous n’avions pas le choix. Comme ils n’avaient pas beaucoup de contact avec leurs parents, ils ne pouvaient développer une image de ce qu’est être parent.»

RESSOURCES

Adrienne Jérôme et Adrienne Anichinapé­o ont toutes les deux demandé plus de ressources pour leur communauté.

Selon elles, à la suite des allégation­s d’agressions prétendues par des femmes autochtone­s en 2015, le gouverneme­nt a réagi en ne donnant de l’argent qu’au Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or.

«Il n’y a rien eu pour les communauté­s afin de soutenir nos membres qui vivent des difficulté­s», ont-elles dit.

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Adrienne Jérôme a dénoncé le manque de financemen­t de sa communauté.

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