Prendre ses distances de Trump et jouer son jeu ?
Alors que Donald Trump remet en question les fondements du leadership international des États-unis, le reste du monde doit s’adapter et le Canada aussi. les nouvelles orientations de politique extérieure et de défense annoncées par le gouvernement Trudeau cette semaine donneront-elles raison au président américain?
Pour les alliés des États-Unis, le voyage européen de Donald Trump et son abandon de l’Accord de Paris ont signalé la fin du leadership américain comme pilier de l’ordre mondial tel qu’on l’a connu depuis la Seconde Guerre mondiale.
En bref, le consensus qui se dégage parmi les pays qui comptaient sur le rôle indispensable des États-Unis est qu’on ne peut plus se fier aux Américains pour montrer la voie ou pour porter une part disproportionnée du fardeau des institutions communes.
DÉFI Pour lE CAnADA
Pour le Canada, c’est un défi considérable de s’ajuster à cette nouvelle réalité tout en préservant les bénéfices d’une relation étroite avec les États-Unis.
Historiquement, les institutions internationales ont permis au Canada de tempérer l’énorme déséquilibre dans ses relations avec son voisin. C’est à travers ces institutions, comme l’a rappelé la ministre Chrystia Freeland mardi, que le Canada a pu faire entendre sa voix efficacement dans le monde.
En même temps, l’énorme puissance militaire et économique des États-Unis permettait au Canada de participer à peu de frais aux efforts de défense commune tout en tirant parti du commerce avec les États-Unis.
EnGAGEmEnTS PluTôT CoÛTEux ?
À l’ère de Trump et de sa devise «America First», comme le rappelait aussi Freeland, on ne peut plus compter sur les États-Unis pour soutenir l’ordre international, alors il faut que le Canada et ses partenaires prennent sur eux-mêmes la charge de soutenir cet ordre.
Pour le Canada, la facture pourrait s’avérer imposante. C’est surtout vrai dans le domaine de la défense, car depuis longtemps, les engagements du Canada en matière de sécurité dépassent ses capacités opérationnelles.
Aujourd’hui, alors que le Canada tient à réaffirmer son engagement face à l’OTAN pour pallier en partie le désengagement potentiel des Américains, il s’engage aussi à s’engager davantage dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Comme l’a réitéré le ministre de la Défense Harjit Sajjan mercredi, il faudra y mettre le prix.
JouEr lE JEu ?
N’est-ce pas précisément ce qu’exige Trump des alliés comme le Canada, qui dépensent moins que les cibles fixées par l’OTAN pour leur défense et qu’il qualifie allègrement de resquilleurs ou même de parasites?
C’est l’aspect paradoxal de cette volonté d’affirmation et d’indépendance face aux États-Unis que souhaite mettre en oeuvre le gouvernement Trudeau.
Pour tenir tête à l’intimidation des États-Unis de Trump et renforcer la défense commune qu’il menace, on s’apprête à faire précisément ce que l’intimidateur exige… et celui-ci ne se gênera pas pour crier victoire et affirmer que sa stratégie était la seule qui puisse amener les alliés à prendre leurs responsabilités.
Pour le Canada, c’est un défi considérable de s’ajuster à cette nouvelle réalité