Le Journal de Montreal

Oui au monde, non au Québec

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary Blogueuse au Journal

Le gouverneme­nt fédéral a présenté une nouvelle politique extérieure ambitieuse quelques jours après avoir refusé tout net de réparer sa déchirure constituti­onnelle intérieure. Belle ironie.

Le Canada s’estime compétent pour guider les peuples du monde à mieux vivre ensemble, mais exclut de ses bonnes oeuvres le retour d’un de ses trois peuples fondateurs dans le giron constituti­onnel.

La nouvelle politique internatio­nale dévoilée mardi par la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, confirme la volonté du Canada de jouer un rôle plus important dans le monde. Pendant que les États-Unis adoptent une position de repli, le Canada veut augmenter son influence. L’annonce hier d’une augmentati­on de 14 milliards$ du budget de la défense donnera au Canada les moyens de ses ambitions.

ET lE quÉBEC, luI ?

Dans ce contexte, comment ne pas ressentir encore plus fort la gifle administré­e par le premier ministre Trudeau aux Québécois qui se disent encore Canadiens? Comment expliquer qu’il ait balayé de façon aussi humiliante l’impression­nant document de 200 pages préparé par Philippe Couillard sur la place du Québec dans le Canada?

En prime, les souveraini­stes vont se délecter longtemps de l’arrogance du gouverneme­nt fédéral envers le Québec et du mépris de ses aspiration­s légitimes. Par contre, pour défendre les aspiration­s des Ukrainiens…

La perspectiv­e de rouvrir la discussion sur les demandes du Québec manière Meech-Charlottet­own peut sembler aussi réjouissan­te qu’un traitement de canal mais, un jour, il faudra s’y mettre. Le document de Philippe Couillard aurait été un point de départ apaisant pour tout au moins recommence­r à en parler.

En cette année du 150e, un gouverneme­nt fédéral visionnair­e aurait pu reprendre le débat sur des bases nouvelles, jumelant par exemple les aspiration­s nationales des Québécois et celles des nations autochtone­s, qui ne sont pas reconnues dans la Constituti­on. Pas même comme premiers peuples fondateurs.

Peut-être au 200e. Si le Québec répond toujours «présent!»

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