De la bien belle visite
La visite à Montréal d’un grand politique de ce monde étant chose rarissime, pourquoi bouder son plaisir? Quelques esprits chagrins ont trouvé le discours de Barack Obama sans saveur. Pour ma part, j’ai l’ai trouvé éclairant.
Dans ce monde instable et inquiétant, le président Obama provoque la réflexion et l’espoir à la fois. Qui peut en dire autant de la faune politique locale? Loin du catastrophisme ambiant et malgré sa propre présidence parfaitement imparfaite, sa lucidité ne flanche pas.
voIr lA ForÊT
Pendant que chaque attentat revendiqué par Daesh monopolise l’attention et sème la peur tout en servant de mortier politique à l’extrême droite, Barack Obama pointe la forêt au lieu de cet arbre meurtrier qui la cache.
Dans cette forêt planétaire, après le retrait brutal des États-Unis des accords de Paris sur le climat, M.Obama rappelle ainsi l’urgence d’agir au nom d’un environnement mis à mal. Sur le fléau des «fausses nouvelles» et de leur multiplication par les réseaux sociaux, il souligne leur effet le plus pernicieux: on ne débat plus d’opinions, on débat maintenant des faits!
Sur les femmes en politique, il nomme ce qui doit être nommé: leur sous-représentation chronique est inacceptable et néfaste pour la politique elle-même.
ÉCArTS CroISSAnTS
Sur les écarts de richesse, comme bien d’autres avant lui, il sonne également l’alarme. Dans ce capitalisme réputé le «moins pire» des mauvais systèmes, la montée depuis les années 1980 d’un néolibéralisme débridé aux politiques d’austérité sélective nourrit en fait une pauvreté croissante au profit de l’enrichissement indécent d’une infime minorité.
Le dire ne règle rien, c’est sûr. S’enfouir la tête dans le sable, non plus. En prendre conscience, débattre et exiger mieux de nos gouvernants serait toutefois un bon début. Si la visite de Barack Obama réussissait à nous sortir de notre propre léthargie, ce serait déjà un miracle.