Le Journal de Montreal

UN POLICIER AU COEUR DES GRANDES ENQUÊTES

- Valérie Gonthier vGonthierJ­Dm valerie.gonthier@quebecorme­dia.com

un policier qui a passé des nuits blanches à traquer les pires criminels et qui a pu soutirer des aveux à un prédateur d’enfants notoire prend sa retraite après 30 ans dans le feu de l’action.

Roberto Bergeron a passé la majorité de sa carrière au coeur des plus grandes enquêtes criminelle­s au Québec.

«J’ai passé presque 20 ans aux crimes contre la personne, à tous les échelons. J’ai vécu des choses que peu de gens dans la société ont la chance, parfois la malchance de vivre. C’est souvent de l’horreur humaine au quotidien», dit celui qui occupait le poste d’inspecteur­chef à la Sûreté du Québec jusqu’à tout récemment.

Patrouille, crime organisé, crimes majeurs, interventi­ons impliquant des prises d’otages, gestion de décès multiples: l’homme de 56 ans a gravi les échelons dans plusieurs secteurs de l’organisati­on au fil des ans.

Mais il avoue que son passage aux homicides l’a particuliè­rement marqué. Même une fois retraité, celui que tous surnomment «Tito» garde encore sur lui son

challenge coin, un jeton commémorat­if symbolique qui signifie son appartenan­ce à l’escouade des crimes contre la personne.

«Même quand on n’y est plus, l’engagement reste», dit-il.

PLUS COMPLIQUÉ AVANT

Le cas dont on lui parle le plus est certaineme­nt celui de Mario Bastien, qui a tué Alexandre Livernoche en 2000.

C’est le policier qui a fait craquer le pédophile, en obtenant ses aveux concernant ce meurtre crapuleux. Pendant que le pédophile lui racontait ce qu’il avait fait subir au garçon, Roberto Bergeron n’avait pas bronché.

Cet aveu était primordial pour faire inculper Bastien puisque les techniques scientifiq­ues pour retrouver de l’ADN sur les scènes de crime n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui, explique-t-il.

«À la fin des années 1990, ça prenait une tache de sang grosse comme une pièce de 1 $ pour détecter de l’ADN. Aujourd’hui, c’est plus facile», précise le nouveau retraité.

Il se souvient aussi d’avoir déjà travaillé plus de 100 heures en une semaine ou d’être resté éveillé 40 heures de suite pour tenter de résoudre un dossier. Mais depuis, les conditions de travail ont heureuseme­nt beaucoup changé, mentionne-t-il.

«Depuis, on répartit davantage les disponibil­ités, parce que ça n’avait pas de bon sens», dit-il.

Malgré tout, encore aujourd’hui, le travail d’enquêteur aux homicides reste exigeant.

RETRAITE À APPRIVOISE­R

«C’est une vocation. Pour les gens qui y travaillen­t, les familles sont mises à contributi­on. Parce que les enquêteurs sont en déplacemen­t souvent et longtemps. Ça demande beaucoup d’implicatio­n», ajoute M. Bergeron.

Habitué à maintenir un rythme de travail effréné, il avoue d’ailleurs avoir besoin d’apprivoise­r tout le nouveau temps libre à sa dispositio­n.

«Quand tu tombes à la retraite, le jour un et le jour deux, c’est le fun. Puis tu arrives au dimanche, et tout le monde se prépare pour retourner au travail, et tu n’as à t’occuper que de toi», explique-t-il, ajoutant qu’il se donne toutefois quelques mois pour s’ajuster à sa nouvelle vie.

 ?? PHoToS CHAnTAl PoIrIEr ET CourToISIE ET ArCHIvES ?? Roberto Bergeron a pris sa retraite de la Sûreté du Québec en mars dernier. Ci-contre, on le voit à ses débuts. Il a amorcé sa carrière en 1981, à la police municipale, à Baie St-Paul.
PHoToS CHAnTAl PoIrIEr ET CourToISIE ET ArCHIvES Roberto Bergeron a pris sa retraite de la Sûreté du Québec en mars dernier. Ci-contre, on le voit à ses débuts. Il a amorcé sa carrière en 1981, à la police municipale, à Baie St-Paul.
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