Un AVC peut faire basculer vos finances
mariée et mère de trois adolescents, Julie est professeure depuis 30 ans au secondaire. Elle touche un salaire stable de 70 000 $ par année, ce qui n’est pas le cas de son conjoint, robert, photographe professionnel à son compte.
Le couple parvient malgré tout à maintenir son budget à flot, quand soudain, c’est la catastrophe…
Victime d’un AVC, Robert doit en effet cesser de travailler pendant six mois. Ces dernières années, le photographe avait vu sa clientèle baisser progressivement et son revenu avoisinait les 25 000 $ annuellement. Néanmoins, le couple contrôlait son endettement et réussissait même à dégager quelques centaines de dollars par mois de surplus, une fois les dépenses payées.
«L’AVC de Robert a tout fait basculer. Ils ont utilisé leurs quatre cartes de crédit pour éponger le manque à gagner. Lorsqu’ils sont venus me rencontrer, ils avaient accumulé 50000$ sur celles-ci», explique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité, président de Jean Fortin et Associés.
DAnS DES SABlES mouvAnTS
Avec une telle dette, le couple doit désormais faire face à des paiements mensuels minimums de 1500 $ par mois pour leurs cartes de crédit, au lieu des 300 $ qu’ils versaient antérieurement. «Quand les paiements minimums sont trop élevés, c’est comme être pris dans des sables mouvants. Plus on bouge et plus on s’enlise, c’est la spirale de l’endettement», constate M. Fortin.
Comment sortir de ce mauvais pas? La consolidation de dette n’est pas envisageable, à cause de leur taux d’endettement trop élevé (48 %), ce qui dépasse la limite tolérée par les institutions financières. «De plus, Robert étant travailleur autonome, les banques sont habituellement réticentes à prendre ce risque supplémentaire», précise Pierre Fortin.
Vendre la maison ne rapporterait pas suffisamment, puisque l’hypothèque est encore de 250 000 $ sur une valeur de 290 000 $. Dans un contexte de vente rapide et en ajoutant les frais de courtier, il n’y a que peu de profit à espérer de cette transaction.
Pour Sortir DE L’IMPASSE
Le syndic a donc suggéré au couple et a demandé à leurs créanciers d’accepter une proposition de consommateur de 18 000 $, payables sur 60 mois. «Cette solution est à la fois viable pour les clients, qui voient ainsi disparaître le taux d’intérêt de 20 % relié à leur dette de cartes de crédit, et plus avantageux pour les créanciers qu’une faillite ou une vente à rabais de la résidence familiale», explique M. Fortin.
S’ils effectuent leurs paiements, dans cinq ans, Julie et Robert seront tirés d’affaire. La proposition de consommateur demeurera toutefois dans leur dossier de crédit pour une période de trois ans à partir de la fin de la proposition.
CONSEILS À SUIVRE
Le cas de ce couple devrait faire réfléchir sur l’impact des imprévus sur notre vie financière, souligne M. Fortin. «Pour éviter de telles situations, on devrait, par exemple, constituer un fonds d’urgence représentant au moins trois mois de dépenses. S’ils en avaient eu un, Julie et Robert auraient pu réduire de moitié leur nouvel endettement», souligne-t-il.
Avec une marge de crédit disponible auprès de son institution financière, le couple aurait également pu puiser des fonds en cas de besoin, au lieu d’avoir recours à des cartes de crédit avec un taux d’intérêt élevé. «Mieux vaut prévenir le coup et demander une marge quand nos finances vont bien, et ne s’en servir qu’en cas d’urgence», dit M. Fortin.
Enfin, une assurance invalidité aurait donné à Robert la marge de manoeuvre nécessaire. «Mais les primes exigées pour assurer les travailleurs autonomes sont souvent élevées, et pas nécessairement à la portée de toutes les bourses», reconnaît M. Fortin.