Le Journal de Montreal

Un AVC peut faire basculer vos finances

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

mariée et mère de trois adolescent­s, Julie est professeur­e depuis 30 ans au secondaire. Elle touche un salaire stable de 70 000 $ par année, ce qui n’est pas le cas de son conjoint, robert, photograph­e profession­nel à son compte.

Le couple parvient malgré tout à maintenir son budget à flot, quand soudain, c’est la catastroph­e…

Victime d’un AVC, Robert doit en effet cesser de travailler pendant six mois. Ces dernières années, le photograph­e avait vu sa clientèle baisser progressiv­ement et son revenu avoisinait les 25 000 $ annuelleme­nt. Néanmoins, le couple contrôlait son endettemen­t et réussissai­t même à dégager quelques centaines de dollars par mois de surplus, une fois les dépenses payées.

«L’AVC de Robert a tout fait basculer. Ils ont utilisé leurs quatre cartes de crédit pour éponger le manque à gagner. Lorsqu’ils sont venus me rencontrer, ils avaient accumulé 50000$ sur celles-ci», explique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité, président de Jean Fortin et Associés.

DAnS DES SABlES mouvAnTS

Avec une telle dette, le couple doit désormais faire face à des paiements mensuels minimums de 1500 $ par mois pour leurs cartes de crédit, au lieu des 300 $ qu’ils versaient antérieure­ment. «Quand les paiements minimums sont trop élevés, c’est comme être pris dans des sables mouvants. Plus on bouge et plus on s’enlise, c’est la spirale de l’endettemen­t», constate M. Fortin.

Comment sortir de ce mauvais pas? La consolidat­ion de dette n’est pas envisageab­le, à cause de leur taux d’endettemen­t trop élevé (48 %), ce qui dépasse la limite tolérée par les institutio­ns financière­s. «De plus, Robert étant travailleu­r autonome, les banques sont habituelle­ment réticentes à prendre ce risque supplément­aire», précise Pierre Fortin.

Vendre la maison ne rapportera­it pas suffisamme­nt, puisque l’hypothèque est encore de 250 000 $ sur une valeur de 290 000 $. Dans un contexte de vente rapide et en ajoutant les frais de courtier, il n’y a que peu de profit à espérer de cette transactio­n.

Pour Sortir DE L’IMPASSE

Le syndic a donc suggéré au couple et a demandé à leurs créanciers d’accepter une propositio­n de consommate­ur de 18 000 $, payables sur 60 mois. «Cette solution est à la fois viable pour les clients, qui voient ainsi disparaîtr­e le taux d’intérêt de 20 % relié à leur dette de cartes de crédit, et plus avantageux pour les créanciers qu’une faillite ou une vente à rabais de la résidence familiale», explique M. Fortin.

S’ils effectuent leurs paiements, dans cinq ans, Julie et Robert seront tirés d’affaire. La propositio­n de consommate­ur demeurera toutefois dans leur dossier de crédit pour une période de trois ans à partir de la fin de la propositio­n.

CONSEILS À SUIVRE

Le cas de ce couple devrait faire réfléchir sur l’impact des imprévus sur notre vie financière, souligne M. Fortin. «Pour éviter de telles situations, on devrait, par exemple, constituer un fonds d’urgence représenta­nt au moins trois mois de dépenses. S’ils en avaient eu un, Julie et Robert auraient pu réduire de moitié leur nouvel endettemen­t», souligne-t-il.

Avec une marge de crédit disponible auprès de son institutio­n financière, le couple aurait également pu puiser des fonds en cas de besoin, au lieu d’avoir recours à des cartes de crédit avec un taux d’intérêt élevé. «Mieux vaut prévenir le coup et demander une marge quand nos finances vont bien, et ne s’en servir qu’en cas d’urgence», dit M. Fortin.

Enfin, une assurance invalidité aurait donné à Robert la marge de manoeuvre nécessaire. «Mais les primes exigées pour assurer les travailleu­rs autonomes sont souvent élevées, et pas nécessaire­ment à la portée de toutes les bourses», reconnaît M. Fortin.

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