Le Journal de Montreal

Carpentier toujours aussi passionné

l’ancien pilote est en train de se convertir aux voitures électrique­s

- Pierre Durocher PDurocherJ­Dm

SAINTE-MÉLANIE | Patrick Carpentier n’est pas derrière le volant d’un bolide cet été. À 45 ans, l’ancien pilote vedette de l’écurie Player’s est bel et bien à la retraite et heureux de l’être.

Carpentier avait pris part à deux courses en NASCAR l’an dernier pour l’écurie Go FAS Racing.

«J’ai réalisé l’été passé que le moment était venu de tirer pour de bon un trait sur ma carrière», reconnaît-il aujourd’hui. Mais lorsqu’on connaît le bonhomme, on se doute bien qu’il y a un moteur qui gronde non loin de lui.

Le Journal de Montréal est allé rencontrer Carpentier la semaine dernière à son domicile, à Sainte-Mélanie, dans Lanaudière, et il avait la tête plongée sous le capot d’une Volkswagen Beetle année 2000, qu’il se plaît à modifier.

«J’ai abaissé et élargi la voiture, j’ai changé la suspension et la transmissi­on tandis que le moteur a été rebâti pour développer plus de 350 chevaux. J’ai toujours aimé la mécanique», souligne-t-il.

«C’est un passe-temps fort agréable, même si ma femme commence à trouver que je passe un trop grand nombre d’heures enfermé dans le garage!» lance-til, en riant.

ANALYSTE ET PORTE-PAROLE

Carpentier touche encore à la course automobile à sa façon, soit dans son rôle d’analyste pour les courses de la NASCAR CUP à RDS. Un boulot qu’il accomplit depuis quatre ans et qu’il apprécie beaucoup.

Il est aussi porte-parole des courses de Formule E qui seront présentées les 29 et 30 juillet au centre-ville de Montréal. Ces voitures électrique­s le passionnen­t.

Enfin, il a prêté sa voix au doublage québécois du film Les Bagnoles 3, qui prendra bientôt l’affiche dans nos salles. Carpentier y fait parler un commentate­ur dont la voix fut entendue lors d’une course du personnage de Doc Hudson en 1954.

Peux-tu nous parler de ton implicatio­n dans la nouvelle aventure de la formule électrique à montréal?

«Je n’étais pas emballé au départ par ces voitures, mais j’ai été converti depuis que j’ai vu une Beetle propulsée par un moteur électrique effectuer un 0 à 100 km/h en moins de deux secondes. Je crois en l’avenir des voitures électrique­s. Dans un avenir pas si lointain, les voitures à moteur à essence deviendron­t archaïques. Une fois qu’on aura amélioré l’autonomie des voitures électrique­s et le recyclage des batteries, elles deviendron­t incontourn­ables. C’est la voie de l’avenir. Je trouve que c’est un bon virage qui s’effectue. La formule E est une belle plateforme de développem­ent.»

Tu es à la retraite mais, si on t’offrait l’occasion d’effectuer quelques tours du circuit urbain de montréal au volant d’une formule E en juillet, tu accepterai­s, n’est-ce pas?

«Ça serait difficile à refuser. J’aimerais bien essayer ce type de voiture avec laquelle on peut gérer la puissance au millième de seconde sur chaque roue. Ça doit être zen de se retrouver au volant d’une telle monoplace. Je ne parle pas de participer à une course, mais bien d’effectuer quelques tours. Je suis à la retraite... mais je suis encore capable de rouler vite!»

quelle est ton opinion sur les débuts difficiles de lance Stroll en F1?

«Oui, c’est ardu pour Lance. Ça va un peu trop vite pour lui. Lorsque les choses ralentiron­t dans sa tête, ça ira mieux. Je surveille ses courses depuis ses débuts en Formule 3 et je sais qu’il a du talent. Il est en phase d’apprentiss­age à sa première saison en F1 et c’est tout à fait normal. À mes débuts en série CART, j’avais éprouvé des ennuis à m’adapter, moi qui avais pourtant dominé la compétitio­n en Formule Atlantique. J’ai confiance que Lance finira par obtenir de bons résultats, mais il devra éviter de casser sous la pression. Il en vit une toute nouvelle à ce Grand Prix du Canada, et il sera intéressan­t de voir comment il pourra la gérer.»

Comment trouves-tu le spectacle cette saison en Formule 1?

«J’apprécie la bataille que se livrent Ferrari et Mercedes ainsi que celle qui oppose Sebastian Vettel et Lewis Hamilton. On a modifié les voitures et c’est une bonne chose. J’aimerais cependant qu’un plus grand nombre

d’écuries soient compétitiv­es. Les coûts augmentent, mais la visibilité est à la baisse dans la plupart des séries. Les jeunes ont accès à beaucoup plus de choses aujourd’hui pour se distraire. La Formule E fait beaucoup pour attirer les familles et pour capter l’attention d’un jeune public, notamment par le biais des courses virtuelles et des réseaux sociaux. Toutes les séries travaillen­t à développer de nouvelles façons d’attirer la clientèle.»

Comment s’est effectuée la transition entre ta carrière de pilote et la retraite?

«J’avoue que ce ne fut pas facile ces dernières années. La perception des gens à ton endroit change quand tu es à la retraite. Je commence tout juste à comprendre c’est quoi, la vie après le sport. Heureuseme­nt que je peux compter sur mon épouse, Anick, et sur mes enfants. En course automobile, on mène une vie de jet

set. J’ai été très bien traité comme membre de la filière Player’s. J’étais à la bonne place au bon moment, une chance qu’elle n’a pas obtenu un bon pilote comme Andrew Ranger. J’ai connu une belle carrière. J’ai gagné des courses et les amateurs m’ont souvent témoigné leur appréciati­on. On me reconnaît même aux États-Unis parce que j’ai roulé durant quelques années en série NASCAR.»

quels ont été tes plus beaux exploits en piste?

«Ce fut sans doute ma première victoire en série CART au Michigan 500, en 2001, suivie de la position de tête décrochée en Coupe Sprint, en 2008 à Loudon. Toutefois, les gens me parlent encore de ma victoire remportée sur le circuit de MidOhio, parce qu’ils se souviennen­t que j’avais ensuite dû courir sur la piste presque nu afin de respecter une promesse faite aux membres de l’équipe Player’s!»

quels ont été tes moments les plus difficiles?

«J’ai été victime de plusieurs sérieux accidents. Je me suis fracturé une vertèbre cervicale lorsque la roue de la monoplace de Mauricio Guglemin a frappé ma tête lors d’une course à Détroit. J’ai aussi effectué sept tonneaux lors d’une sortie de piste à Elkhart Lake. J’ai fait du saut à la perche avec ma voiture en survolant une haute clôture de sécurité à Laguna Seca. Mais le moment le plus pénible fut sans contredit le décès de mon coéquipier Greg Moore, lors d’une course disputée le 31 octobre 1999 sur l’ovale de Fontana. C’était épouvantab­le comme accident. Greg venait de signer un gros contrat avec l’écurie Penske et il était voué à un si bel avenir.»

Avais-tu failli abandonner la course automobile après avoir été témoin de l’accident ayant coûté la vie à Greg moore?

«J’y avais songé sérieuseme­nt durant l’hiver. Les monoplaces de la série CART étaient devenues trop rapides et trop puissantes. Il avait même fallu annuler une course sur l’ovale du Texas, car c’était devenu trop dangereux. Je me considère comme chanceux de ne pas avoir gardé des séquelles des accidents dans lesquels j’ai été impliqué. J’ai vécu de nombreuses sensations fortes en 27 ans de carrière. La course automobile a été très bonne pour moi. Elle m’a procuré une belle qualité de vie, que j’apprécie pleinement aujourd’hui.»

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1. À la retraite, Patrick Carpentier aime bien jouer sous le capot de cette Volkswagen Beetle 2000, qu'il a modifiée d'un bout à l'autre dans le garage de sa demeure à SainteMéla­nie. 2. Carpentier a fait équipe avec le regretté Greg Moore,...
2 4 1. À la retraite, Patrick Carpentier aime bien jouer sous le capot de cette Volkswagen Beetle 2000, qu'il a modifiée d'un bout à l'autre dans le garage de sa demeure à SainteMéla­nie. 2. Carpentier a fait équipe avec le regretté Greg Moore,...

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