La bière en canette va déboucher sur des pertes d’emplois
Les québécois en consomment trois fois plus qu’avant, ce qui fait craindre les syndiqués
Pertes d’emplois, fermetures d’usine… les syndiqués de l’industrie de la bière craignent une véritable saignée depuis que les québécois choisissent de boire leur bière en canette plutôt qu’en bouteille brune.
«À un moment donné, on va passer dans le tordeur: l’usine pourrait fermer!», lance Éric Provencher, président de la section locale des Métallos de l’usine Owens-Illinois de Montréal, qui consacre la moitié de sa production aux bouteilles brunes en verre.
lA SEulE Au CAnADA
Trois fois moins de travailleurs sont nécessaires pour remplir des canettes que des bouteilles en verre, soit quatre travailleurs plutôt que 15, ce qui fait craindre le pire aux syndiqués, qui voient leurs emplois s'envoler.
L’usine Owens-Illinois est aujourd’hui la seule au Canada à fabriquer des bouteilles brunes réutilisables, rappelle M. Provencher, une situation qui la rend très fragile dans le marché actuel.
Le président du syndicat de l’usine OwensIllinois admet que ce qui protège en partie les emplois liés à la fabrication de la bouteille brune est une loi québécoise qui oblige les embouteilleurs à maintenir une portion de leur production à la bouteille de verre. «Cette loi nous sauve les fesses!», résume-t-il.
DES CEnTAInES DE PoSTES En JEu
Près de 200 emplois risquent d’être perdus au cours de la prochaine année à l’usine Molson de Montréal si celle-ci ne s’adapte pas au marché de la canette, alerte Éric Picotte, président et Assistant permanent syndical chez Molson. Selon lui, Labatt pourrait subir le même sort.
«La standardisation de la production avec les États-Unis a fait mal et continue de faire mal, ajoute-t-il. La bière est mise dans un contenant moins écologique... au détriment des travailleurs. Résultat, des pertes d’emplois bien rémunérés à 75 000 $ par année.»
lES BrASSEurS En DÉSACCorD
Patrice Léger-Bourgoin, directeur général de l’Association des brasseurs du Québec, comptant la Brasserie Labatt, Molson Coors et Sleeman, nuance toutefois le portrait noir brossé par la partie syndicale depuis quelques années.
«Les fermetures d’usine et les pertes d’emplois massives relèvent de la lubie! On peut ne pas perdre plusieurs centaines d’emplois à cause de la canette...», s’indigne M. Léger-Bourgoin, dont l’association représente plus de 375 marques et près de 94 % des ventes de bière dans la province.
Il rappelle que les grands brasseurs ont investi plus de 350 millions de dollars ces cinq dernières années pour maintenir actifs les sites de production, ce qui démontre leur volonté de consolider les emplois ici.