Le Journal de Montreal

Tout pour attirer les jeunes

Les annonceurs veulent rejoindre les 24-32 ans, on crée donc des séries qui s'adressent à cette génération

- bruno.lapointe@quebecorme­dia.com

la survie de notre télévision dépend des annonceurs qui cherchent à tout prix à rejoindre les 24-32 ans. on crée donc des séries qui s’adressent à eux, mettant en vedette des jeunes de leur génération. C’est ainsi que michel d’Astous, auteur de plusieurs séries à succès, explique la faible présence de personnes âgées à l’écran.

«La télévision convention­nelle est faite pour vendre de la publicité. Elle s’adresse donc aux gens qui consomment. Les personnes âgées ne sont pas en train de s’installer dans un condo, leur peak de consommati­on est passé», résume Michel d’Astous en entrevue au Journal.

Avec sa complice Anne Boyer, l’auteur et producteur est derrière de nombreux succès télévisuel­s tels que Yamaska, Nos étés, Le Gentleman et plus récemment L’heure bleue.

«Dans Yamaska, on voulait présenter trois génération­s d’une même famille. Mais pour avoir des personnage­s plus âgés, il faut que le sujet s’y prête. Dans une série policière comme Le Gentleman, c’est plus difficile», explique Michel d’Astous.

Hier, des artistes tels que Louise Bombardier et Janette Bertrand dénonçaien­t dans nos pages le phénomène d’âgisme qui mine le show-business québécois.

«La télévision est un reflet des valeurs de la société. On ne voit pas les personnes âgées dans la société, elles ne sont pas rentables sur le plan économique alors ça les rend plus absents», constate Michel d’Astous.

FIDÈlES Au PoSTE

Pourtant, les personnes âgées sont les plus présentes devant leurs écrans de télévision. Pour la saison 2015-2016, les 55 ans et plus passaient environ 47 heures par semaine à l’écoute, selon Numéris, organisme chargé d’étudier la consommati­on audio et vidéo au Canada.

«Pratiqueme­nt aucun effort n’est nécessaire pour rejoindre les 55 ans et plus. C’est une habitude bien ancrée», explique Claudia Massé, conseillèr­e média sénior chez Carat, firme spécialisé­e en solutions médias numériques et diversifié­es dans le marché.

Il est donc plus difficile d’interpelle­r les 24-32 ans, ce groupe d’âge tant prisé par les annonceurs. Cette génération ne passe en moyenne que moins de 21 heures par semaine devant leur téléviseur.

«Ils regardent la télévision, oui, mais pas nécessaire­ment sur un écran de télévision standard; ça peut être sur une tablette, un téléphone ou un ordinateur. Ils consomment donc beaucoup de contenu télévisuel sur internet: des webséries, des films, des vidéos», explique Claudia Massé.

FAIrE ComPÉTITIo­n À nETFlIx

Elle ajoute également que 61 % des Canadiens âgés entre 18 et 34 ans étaient abonnés à Netflix en 2015, une plateforme sur laquelle il n’y a pas de publicité. Chez les 50-64 ans, ce pourcentag­e diminue de moitié, à 31 %.

«Plus on est jeune, plus on est susceptibl­e d’être abonné à Netflix. Alors pour les attirer davantage à la télévision, peut-être que certains diffuseurs offrent une programmat­ion qui s’adresse davantage à eux, avec des artistes de leur génération», commente-t-elle.

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Les pays d’en haut
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Les jeunes loups
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