Le Journal de Montreal

Une surenchère de scandales

- PIERRE MARTIN l @PMartin_UdeM

Pour Donald Trump, la question n’est plus de savoir si un scandale aura raison de sa présidence, mais plutôt quel scandale causera sa perte.

C’est bien connu, un scandale peut saborder un président américain ou, à tout le moins, paralyser son action. On pense entre autres au Watergate, qui a eu raison de Richard Nixon, ou à l’affaire Iran-Contra, qui a plombé la présidence de Ronald Reagan pendant des mois.

Normalemen­t, ce genre de situation arrive tard dans un mandat, mais les scandales ont collé à la peau de Donald Trump dès son entrée en scène.

LA FILIÈRE RUSSE

À Washington, personne ne doute que les Russes sont intervenus dans l’élection de 2016 pour nuire à Hillary Clinton.

Reste à savoir si ces efforts étaient concertés avec la campagne de Trump. Comme dans le cas du Watergate, ce qui risque d’incriminer le président est moins son implicatio­n directe, presque impossible à démontrer, que ses tentatives ultérieure­s d’étouffer l’affaire ou d’entraver la justice.

C’est pourquoi les révélation­s de l’ex-directeur du FBI James Comey et les silences de l’Attorney General Jeff Sessions ont contribué à amplifier le scandale.

TREIZE SCANDALES À LA DOUZAINE

Avec Trump, les scandales ne manquent pas. Par exemple, des poursuites ont été entamées en lien avec ses violations de la «clause des émoluments», qui lui interdirai­t de recevoir des paiements de la part de gouverneme­nts étrangers.

Les conflits d’intérêts de Trump sont si nombreux qu’on ne les voit plus. Quand ce n’est pas des faveurs de gouverneme­nts étrangers qui enrichisse­nt Trump ou sa famille, c’est le président lui-même qui se sert de sa fonction pour promouvoir ses entreprise­s.

Ces actions ne sont pas nécessaire­ment illégales, mais le nombre et l’ampleur des problèmes éthiques de Trump dépassent l’entendemen­t. Les cyniques diront que c’est le personnage lui-même qui fait scandale en multiplian­t les actions qui mettraient normalemen­t fin à n’importe quelle carrière politique.

Le dernier exemple est cette réunion de cabinet, où chaque participan­t a chanté les louanges du leader adoré. La scène était à mi-chemin entre une assemblée de Kim Jung-un et une scène du Parrain. Si le ridicule tuait, personne n’en serait sorti.

UN JUGEMENT POLITIQUE

Même si l’ampleur de ces scandales réels ou potentiels écrase tous les précédents, le jugement qu’on porte sur eux est davantage politique que juridique.

Les défenseurs de Trump affirment qu’il pourra se permettre tous ces écarts tant que sa base électorale continue de l’appuyer.

Or, cette base fond à vue d’oeil. Après seulement cinq mois, malgré une économie favorable, 60 % des Américains désapprouv­ent Trump. Parmi ses partisans, la proportion de ceux qui l’appuient fortement baisse rapidement. La semaine prochaine, en Géorgie, un siège républicai­n depuis 1969 a de bonnes chances de basculer dans le camp démocrate.

Si les républicai­ns concluent que Trump les entraîne vers la défaite en 2018, le jugement qu’ils portent sur tous ces scandales risque de changer assez vite.

Les conflits d’intérêts de Trump sont si nombreux qu’on ne les voit plus.

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