Le Journal de Montreal

Jusqu’à 75 000 $ d’amende pour les garderies qui maltraiten­t un enfant

« Ça veut dire quoi, faire peur à un enfant ? » s’interroge un profession­nel

- Charles Lecavalier CLecavalie­rJDQ

Québec veut sévir contre les garderies qui ferment les yeux sur les pratiques abusives envers les enfants et prévoit de nouvelles amendes salées pouvant atteindre 75 000 $.

Le projet de loi «visant à améliorer la qualité éducative» déposé hier par le ministre de la Famille Sébastien Proulx interdit explicitem­ent qu’un éducateur ou une éducatrice use de mesures dégradante­s à l’endroit d’un enfant (voir tableau).

Le ministère de la Famille travaille déjà avec la DPJ pour les cas graves, comme les abus sexuels. Des situations préoccupan­tes – l’isolement indu d’un enfant ou le refus de changer des vêtements souillés – tombaient toutefois dans une zone grise.

«Bien des choses vont de soi dans notre société, mais parfois, il faut être en mesure de les encadrer. [Des situations problémati­ques] on en a vu, on en a connu. Il faut être capable d’intervenir», a lancé M. Proulx lors d’une courte mêlée de presse.

NOUVEAUX POUVOIRS

Les inspecteur­s du ministère auront désormais la responsabi­lité de recueillir la preuve et de faire des entrevues avec les parents et les éducateurs en cause. Si le cas est jugé suffisamme­nt grave, le dossier sera remis au Directeur des poursuites criminelle­s et pénales. Le propriétai­re d’une garderie dont un employé se fait prendre à commettre un abus serait «passible d’une amende de 5000 à 75 000 $» si le projet de loi est adopté. Ces nouveaux pouvoirs ne plaisent pas à tous. Samir Alahmad, président de l’Associatio­n des garderies privées du Québec, dénonce cette mesure «trop floue et trop large». «Ça veut dire quoi, faire peur à un enfant?» s’interroge-t-il.

RESTRICTIO­N DES GARDERIES PRIVÉES

M. Alahmad ajoute qu’il est injuste de pénaliser un propriétai­re pour des gestes posés par un salarié. «On ne pénalise pas une direction d’école quand un professeur est en faute? Même chose pour un CHSLD», at-il dit.

Il appuie toutefois une deuxième portion du projet de loi, qui restreint le développem­ent des garderies privées. À l’avenir, le gouverneme­nt tiendra compte du nombre de places nécessaire­s avant de délivrer un permis.

En plus de cela, la pièce législativ­e devrait permettre à Québec d’encadrer les garderies de quatre places (la limite précédente était de six places) et imposera un régime pédagogiqu­e pour toutes les garderies.

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Une deuxième portion du projet de loi restreindr­ait le développem­ent des garderies privées. À l’avenir, le gouverneme­nt tiendra compte du nombre de places nécessaire­s avant de délivrer un permis.
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