Les militaires LGBTQ, toujours victimes de harcèlement
L’armée est consciente du problème, qu’elle tente d’endiguer en éduquant le plus possible ses soldats
OTTAWA | Insultes, violence, exclusion de formations ou de promotions en raison de leur orientation sexuelle. La vie est loin d’être rose pour les militaires LGBTQ, qui font toujours face à du harcèlement et à de l’intimidation au sein des Forces armées canadiennes.
«La situation des personnes s’est améliorée énormément au cours des années, mais il y a évidemment toujours certains problèmes d’attitude individuels […] Au niveau du leadership, on passe le bon message et la diversité est encouragée, mais il y a plus de travail à la base selon moi», explique le lieutenant-colonel Alain Veilleux.
C’est le constat que dressent plusieurs cadres militaires responsables de la diversité et de la communauté LGBTQ au moment où la Défense nationale révise notamment sa politique sur les transsexuels.
Si l’armée ne comptabilise pas les plaintes de harcèlement ou d’intimidation visant spécifiquement les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans et queer (LGBTQ), les Forces sont conscientes du fait que le problème est bien présent dans les rangs.
C’est d’ailleurs une plainte pour discrimination déposée par un soldat homosexuel l’an dernier qui a mené à la création d’un comité dédié à donner une voix et du soutien à cette communauté au sein des Forces. Après avoir révélé son orientation sexuelle, ce militaire s’était subitement vu refuser le droit de suivre un cours auquel il était déjà inscrit.
«Il y a toujours du harcèlement et des remarques discriminatoires. Récemment, un membre de mon unité a vécu une situation semblable lorsqu’il a été envoyé en mission en Pologne. Il a vécu à répétition des commentaires désobligeants qui faisaient allusion à son orientation sexuelle et qui l’ont poussé à porter plainte», continue le lieutenant-colonel Veilleux, qui est le président de ce comité appelé D+, en plus d’être responsable de tout le personnel de l’armée en territoire québécois.
PLUS D’ÉDUCATION
Même son de cloche chez le lieutenant-colonel Pierre Sasseville, qui souligne que certains membres entretiennent toujours des préjugés au sujet des personnes LGBTQ, à tel point qu’ils n’acceptent pas d’emblée de collaborer avec elles. «Il y aura toujours des personnes avec lesquelles nous allons devoir faire beaucoup plus d’éducation. Le harcèlement est difficile à éradiquer, malheureusement», illustre celui qui dirige le Directorat des droits de la personne et de la diversité. Cette situation n’est pas sans rappeler les nombreuses plaintes de harcèlement dénoncées par des femmes dans les FAC, qui ont mené à l’opération HONOUR. Celle-ci vise à combattre les comportements sexuels «dommageables et inappropriés».