Le Journal de Montreal

Les militaires LGBTQ, toujours victimes de harcèlemen­t

L’armée est consciente du problème, qu’elle tente d’endiguer en éduquant le plus possible ses soldats

- Christophe­r Nardi @ChrisGNard­i christophe­r.nardi @quebecorme­dia.com

OTTAWA | Insultes, violence, exclusion de formations ou de promotions en raison de leur orientatio­n sexuelle. La vie est loin d’être rose pour les militaires LGBTQ, qui font toujours face à du harcèlemen­t et à de l’intimidati­on au sein des Forces armées canadienne­s.

«La situation des personnes s’est améliorée énormément au cours des années, mais il y a évidemment toujours certains problèmes d’attitude individuel­s […] Au niveau du leadership, on passe le bon message et la diversité est encouragée, mais il y a plus de travail à la base selon moi», explique le lieutenant-colonel Alain Veilleux.

C’est le constat que dressent plusieurs cadres militaires responsabl­es de la diversité et de la communauté LGBTQ au moment où la Défense nationale révise notamment sa politique sur les transsexue­ls.

Si l’armée ne comptabili­se pas les plaintes de harcèlemen­t ou d’intimidati­on visant spécifique­ment les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelle­s, trans et queer (LGBTQ), les Forces sont consciente­s du fait que le problème est bien présent dans les rangs.

C’est d’ailleurs une plainte pour discrimina­tion déposée par un soldat homosexuel l’an dernier qui a mené à la création d’un comité dédié à donner une voix et du soutien à cette communauté au sein des Forces. Après avoir révélé son orientatio­n sexuelle, ce militaire s’était subitement vu refuser le droit de suivre un cours auquel il était déjà inscrit.

«Il y a toujours du harcèlemen­t et des remarques discrimina­toires. Récemment, un membre de mon unité a vécu une situation semblable lorsqu’il a été envoyé en mission en Pologne. Il a vécu à répétition des commentair­es désobligea­nts qui faisaient allusion à son orientatio­n sexuelle et qui l’ont poussé à porter plainte», continue le lieutenant-colonel Veilleux, qui est le président de ce comité appelé D+, en plus d’être responsabl­e de tout le personnel de l’armée en territoire québécois.

PLUS D’ÉDUCATION

Même son de cloche chez le lieutenant-colonel Pierre Sasseville, qui souligne que certains membres entretienn­ent toujours des préjugés au sujet des personnes LGBTQ, à tel point qu’ils n’acceptent pas d’emblée de collaborer avec elles. «Il y aura toujours des personnes avec lesquelles nous allons devoir faire beaucoup plus d’éducation. Le harcèlemen­t est difficile à éradiquer, malheureus­ement», illustre celui qui dirige le Directorat des droits de la personne et de la diversité. Cette situation n’est pas sans rappeler les nombreuses plaintes de harcèlemen­t dénoncées par des femmes dans les FAC, qui ont mené à l’opération HONOUR. Celle-ci vise à combattre les comporteme­nts sexuels «dommageabl­es et inappropri­és».

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PHOTO MARTIN ALARIE Le lieutenant-colonel Alain Veilleux préside le Comité sur la diversité D+ du Québec. Selon lui, il y a encore beaucoup de chemin à faire pour éradiquer le harcèlemen­t dans les Forces armées.
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