Deux hommes de bien
Après Le tableau du maître flamand ou la série Capitaine Alatriste, l’écrivain espagnol Arturo Pérez-Reverte nous offre une nouvelle excellente raison d’encenser son génie.
Édités à Paris entre 1751 et 1772, sous la direction de Diderot et d’Alembert, les 28 volumes de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers ont rapidement été mis à l’index par le Saint-Office, l’incroyable somme de connaissances qu’ils renferment ne pouvant tomber entre n’importe quelles mains. Ce qui, vers la fin du 18e siècle, n’empêchera pas plusieurs érudits de l’Académie royale d’Espagne de vouloir à tout prix acquérir l’ensemble de cette oeuvre, même si elle est également interdite au pays de la corrida...
À la suite d’un vote qui entérinera la réalisation de ce projet controversé, deux hommes de bien seront donc désignés pour se rendre dans la Ville lumière et en rapporter tous les volumes. Partant de Madrid, où l’Académie siège depuis 1713, le vieux bibliothécaire Hermógenes Molina et don Pedro Zárate, un brigadier des armées de la Marine royale à la retraite, entameront ainsi un très long voyage qui ne tardera pas à se transformer en véritable odyssée. Non seulement parce qu’ils auront plus de 1000 kilomètres à parcourir (et autant de raisons de croiser malandrins ou escrocs de tous poils), mais parce qu’en cette période d’obscurantisme, les membres les moins éclairés de l’Académie ont eu la brillante idée de recruter, en douce, un redoutable homme de main chargé de leur mettre des bâtons dans les roues.
Avec ce roman d’aventures aussi trépidant qu’instructif, Arturo Pérez-Reverte a, une fois de plus, réussi à tirer parti des grandes pages de l’Histoire.