Le Journal de Montreal

L’Italie débarque au Québec

- FRÉDÉRIC MERCIER ALFA ROMEO GIULIA QUADRIFOGL­IO 2017

Ça y est, le retour d’Alfa Romeo en Amérique du Nord est bien entamé.

Après des débuts timides avec la sportive 4C, le constructe­ur turinois s’attaque maintenant au marché très compétitif des berlines compactes de luxe avec la Giulia.

Et pour ce premier contact avec la nouvelle bagnole italienne, c’est la puissante version Quadrifogl­io qu’on a mise à l’essai.

Quadrifogl­io, c’est l’équivalent d’AMG chez Mercedes, ou bien de la division M chez BMW. Le nec plus ultra de la performanc­e. Si vous voyez un logo de trèfle à quatre feuilles sur une Alfa, dites-vous que vous n’avez pas affaire à n’importe quoi.

INTIMIDANT­E, MAIS PAS TANT QUE ÇA

La Giulia Quadrifogl­io arrive en Amérique du Nord avec d’énormes attentes. En se frottant à des modèles comme la BMW M3, la Mercedes-AMG C 63 et la Cadillac ATS-V, la belle italienne se mesure à de grosses pointures. Pas de doute, la barre est haute. Surtout avec un prix de base de 87 995$.

Sous son capot, un moteur V6 biturbo de 2,9 litres développe un gros total de 505 chevaux et de 443 livres-pied de couple. C’est suffisant pour permettre à la Giulia Quadrifogl­io de passer de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes et d’atteindre une vitesse maximale de 307 km/h.

C’est aussi suffisant pour rendre le véhicule très intimidant. La voiture est belle, elle est puissante et elle vaut très cher. Veut veut, pas, on commence par la manipuler avec des gants blancs.

Sauf qu’après quelques kilomètres passés derrière son volant, on réalise que la Giulia, même dans sa version Quadrifogl­io, n’a rien d’une grosse bête difficile à apprivoise­r. Il s’agit plutôt d’une voiture étonnammen­t civilisée. Ça en vient même presque décevant. À moins de la faire passer en mode «Race», la Giulia demeure excessivem­ent modeste. La sonorité de sa mécanique se fait à peine entendre et son comporteme­nt routier se rapproche davantage du luxe que de la sportivité.

Les trois modes de conduite «DNA» (pour Dynamic, Natural et All-Weather) permettent de changer légèrement les rapports de la transmissi­on et la réponse de l’accélérate­ur pour une conduite personnali­sée. Ça reste tout de même bien subtil.

Puis, il y a le mode «Race». En le sélectionn­ant, la Giulia devient carrément une autre voiture. Une voiture avec une personnali­té diamétrale­ment opposée.

Tout à coup, le son qui sort de l’échappemen­t devient digne de celui d’une sportive à 100 000$. La transmissi­on et la direction deviennent aussi pas mal plus agressives, et tous les systèmes électroniq­ues d’aide à la conduite sont automatiqu­ement désactivés. Là, on conduit un monstre.

C’est ça, l’Alfa Romeo Giulia Quadrifogl­io. C’est tout ou rien. Noir ou blanc.

L’approche peut sembler salivante, mais j’aurais bien aimé un mode «Juste milieu», où on pourrait à la fois profiter du son enivrant de la Giulia en mode Race sans pour autant sacrifier tous les systèmes électroniq­ues.

Manifestem­ent, le mot compromis ne fait pas partie du vocabulair­e d’Alfa Romeo. Faudra s’y faire.

UN DESIGN QUI FAIT TOURNER LES TÊTES

On ne peut pas parler d’Alfa Romeo sans souligner son impeccable design et sa célèbre calandre triangulai­re. Je ne sais pas trop si c’est simplement parce qu’on n’y est pas habitué, mais la Giulia a le mérite de faire tourner les têtes.

À son volant, je me suis fait compliment­er toute la semaine, des pouces en l’air jusqu’aux gens qui tenaient absolument à me piquer un brin de jasette.

Et je peux les comprendre. Parce que c’est vrai qu’elle est sublime, la Giulia. Surtout dans sa version Quadrifogl­io, avec ses magnifique­s roues noires, son becquet en fibre de carbone et ses prises d’air sur le capot. Une oeuvre d’art sur quatre roues.

Dans quelques années, on s’habituera probableme­nt au design d’Alfa sur nos routes, puis une Giulia n’attirera pas plus l’attention qu’une BMW Série 3. En attendant, l’aspect nouveauté joue

assurément en sa faveur.

À l’intérieur, la Giulia adopte un design épuré où la qualité des matériaux est à toutes choses près irréprocha­ble. Mention honorable au bouton de démarrage du véhicule, placé à même le volant. On se croirait dans une F1!

Pour le reste, à peu près toutes les commandes passent par une gigantesqu­e roulette placée à même la console centrale. Le système d’infodivert­issement est d’une conviviali­té acceptable et on s’y habitue plutôt rapidement.

DES MODÈLES MOINS ONÉREUX

La Quadrifogl­io fait rêver, mais les ventes de la Giulia seront principale­ment concentrée­s vers des modèles moins onéreux. C’est inévitable.

Offerte à partir de 48 995$, la Giulia «ordinaire» fait appel à un moteur turbocompr­essé de quatre cylindres dont la puissance est évaluée à 280 chevaux. Des rouages à deux ou à quatre roues motrices sont proposés, alors que la Quadrifogl­io vient obligatoir­ement avec les roues motrices arrière.

Peu importe la version, l’Alfa Romeo Giulia est équipée d’une transmissi­on automatiqu­e à huit rapports. Des concurrent­s comme la BMW Série 3 ou la Cadillac ATS offrent toujours une option de boîte manuelle, mais Alfa n’a pas jugé bon l’inscrire à son catalogue. Dommage, surtout quand on sait que le marché européen y a droit.

Là où Alfa Romeo devra convaincre son auditoire, c’est au chapitre de la fiabilité. Comme la Giulia est un tout nouveau modèle, on peut difficilem­ent se prononcer sur le long terme. Sauf qu’Alfa Romeo a une réputation exécrable en la matière, et ça dure depuis trop longtemps.

De toute façon, l’Alfa Romeo Giulia n’est pas une voiture qu’on achète avec sa tête. C’est un véhicule qu’on choisit avec le coeur. L’émotion par dessus la raison. C’est aussi ça, la Giulia. Surtout dans sa version Quadrifogl­io.

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