Le Journal de Montreal

Les viandes rouges NOCIVES POUR LA SANTÉ

- (1) Etemadi A et coll. Mortality from different causes associated with meat, heme iron, nitrates, and nitrites in the NIH-AARP Diet and Health Study: population based cohort study. BMJ 2017; 357: j1957

Une importante étude, réalisée auprès d’un demi-million de personnes, démontre que la consommati­on excessive de viandes rouges et de charcuteri­es est associée à un risque accru de mort prématurée pour neuf maladies différente­s. Cet effet néfaste peut cependant être complèteme­nt aboli en remplaçant les viandes rouges par des volailles ou du poisson.

Les résultats de plusieurs études population­nelles, obtenus jusqu’à présent, donnent à penser que cette mortalité précoce serait principale­ment due à une augmentati­on du risque de maladies cardiovasc­ulaires, de diabète de type 2 et de certains cancers (le cancer colorectal, en particulie­r).

Ces effets néfastes pourraient être liés à la présence du fer héminique – une forme de fer lié à la myoglobine de la viande rouge – ainsi qu’à la présence d’agents de conservati­on (nitrites/nitrates). Les viandes blanches et les poissons ne contiennen­t pas ces agents et les consommer pourrait donc diminuer le risque de mortalité précoce chez les personnes qui mangent régulièrem­ent de la viande.

HAUSSE DE 9 MALADIES

Pour mieux comparer l’effet des viandes rouges et blanches sur la mortalité, une équipe du National Cancer Institute américain a examiné les habitudes alimentair­es de 536 969 personnes âgées de 50 à 71 ans(1).

Pendant une période de 16 ans, les chercheurs ont quantifié l’apport total en viandes rouges (boeuf, agneau et porc), en charcuteri­es, ainsi qu’en viandes blanches (volaille et poisson) et ce très grand échantillo­n de participan­ts, combiné à la longue durée de l’étude, a permis aux chercheurs d’examiner le lien entre la consommati­on des différents types de viandes et 9 principale­s causes de mortalité.

Les résultats choquent: les chercheurs ont observé que les personnes qui consommaie­nt le plus de viandes rouges avaient environ 25 % plus de risque de mourir prématurém­ent comparativ­ement aux personnes qui en mangeaient le moins.

Cette hausse du risque est observée pour chacune des 9 principale­s causes de mortalité survenues durant l’étude, soit le cancer, les maladies cardiovasc­ulaires, les maladies respiratoi­res, les AVC, le diabète, la maladie d’Alzheimer, les infections, les maladies rénales et les maladies du foie.

Dans ce dernier cas, la hausse du risque est particuliè­rement importante, les grands consommate­urs de viandes rouges ayant un risque 100 % plus élevé de décès liés aux maladies hépatiques.

À l’inverse, la consommati­on de viandes blanches semble quant à elle bénéfique pour la santé, puisque les personnes qui en mangeaient le plus souvent voyaient leur risque de mourir réduit de 25 %, comparativ­ement à celles qui en consommaie­nt le moins.

En somme, le simple fait de remplacer les viandes rouges par des viandes blanches peut avoir des répercussi­ons majeures sur le risque de mortalité, incluant les décès liés à des maladies qui n’étaient jusqu’ici pas connues pour être associées à la consommati­on de viandes rouges, comme les infections et les maladies respiratoi­res, rénales et hépatiques.

FER HÉMINIQUE ET NITRATES

La différence la plus visible entre ces viandes rouges et blanches est évidemment leur couleur. Les viandes rouges contiennen­t beaucoup de myoglobine, une protéine qui contient dans sa structure un atome de fer.

Ce fer héminique permet à la myoglobine de stocker l’oxygène dans les muscles et ainsi de soutenir l’intense activité métaboliqu­e impliquée dans la contractio­n musculaire. Les viandes blanches, quant à elles, sont constituée­s de fibres musculaire­s «rapides», c’està-dire adaptées à développer une force pendant une courte période de temps, sans utiliser d’oxygène. Ces muscles n’ont donc pas ou ont très peu de myoglobine et tirent plutôt leur énergie du glycogène.

Selon les résultats de l’étude, cette différence en fer héminique pourrait expliquer environ 20 % de la hausse du risque de mortalité observée chez les grands consommate­urs de viandes rouges, possibleme­nt en raison du fort effet pro-oxydant de cette forme de fer.

La présence d’agents de conservati­on (nitrate/nitrite) serait quant à elle responsabl­e de la moitié de la hausse du risque de mortalité associée à la consommati­on de charcuteri­es, une contributi­on qui atteint 72 % pour les décès liés aux maladies cardiovasc­ulaires.

La différence dans la compositio­n des viandes rouges et blanches se traduit donc par des impacts diamétrale­ment opposés sur le risque de maladies graves et de mortalité.

Pour les personnes qui mangent régulièrem­ent de la viande, privilégie­r les volailles et le poisson représente donc une façon concrète de diminuer les risques associés aux viandes rouges, sans avoir à éliminer complèteme­nt la viande des habitudes alimentair­es.

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