Le Journal de Montreal

Un faux écrasement d’avion annoncé

La fébrilité a semblé gagner les autorités hier, qui ont dit qu’un appareil Canadair s’était écrasé avant de se rétracter

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PEDRÓGÃO GRANDE | (AFP) Dans un Portugal bouleversé par l’immense incendie qui ravage le centre du pays, la fébrilité semblait gagner hier les autorités, qui ont annoncé par erreur le crash d’un Canadair alors que la polémique enflait sur les circonstan­ces de la mort d’une partie des 64 victimes.

Le feu est reparti brusquemen­t, dans l’après-midi, dans la région de Pedrogao Grande, où il avait démarré samedi, forçant les autorités à évacuer 40 hameaux menacés par les flammes. L’incendie semblait néanmoins perdre en intensité dans la soirée, selon le secrétaire d’État à l’Intérieur, Jorge Gomes, faisant état de «pluies intenses à certains endroits».

En parallèle, l’annonce par la protection civile du crash d’un Canadair dans cette zone a encore fait monter d’un cran l’anxiété générale, avant d’être corrigée dans la plus grande confusion par le commandant régional de cette même agence.

«Je suis en mesure d’affirmer qu’aucun avion affrété par l’autorité de la protection civile [...] ou en opération sur le territoire national n’est tombé», a déclaré Vitor Vaz Pinto, visiblemen­t mal à l’aise pour expliquer comment un tel quiproquo avait pu se produire.

Il n’a en revanche pas écarté la possibilit­é de la chute d’un avion civil extérieur aux opérations. Avant d’évoquer l’hypothèse de «l’explosion de bouteilles de gaz» entreposée­s dans une «roulotte abandonnée», qui aurait pu «prêter à confusion».

REFUS D’ÉVACUER

Onze avions de lutte anti-incendie, dont des Canadair, ont été dépêchés depuis dimanche par l’Espagne, la France et l’Italie, tandis que le Portugal en a affrété deux.

À Gois, où l’incendie a repris le plus de vigueur, le ciel s’est de nouveau rempli d’une épaisse fumée. Vingt-sept hameaux de la commune ont dû être évacués, dont une maison de retraite, ainsi que 13 autres à l’est de Pedrogao Grande.

«Nous avons une situation grave, qui pourrait devenir gravissime», a déclaré la maire de Gois, Lurdes Castanheir­a, s’inquiétant du refus de certains habitants de quitter leurs maisons.

«Nous comprenons que c’est difficile d’abandonner sa maison. Ils veulent la protéger, et nous sommes là pour sauver les gens s’il le faut», explique un pompier volontaire venu de Lisbonne, adossé contre un muret après le passage du feu.

ROUTE DE LA MORT

Dans le même temps, la controvers­e montait autour des circonstan­ces du drame de la «route de la mort», la nationale 236, où 47 personnes sont mortes samedi, dont 30 piégées par le feu dans leurs voitures. Parmi elles, beaucoup de familles de retour de baignade dans une rivière.

Le premier ministre Antonio Costa a réclamé des «éclairciss­ements rapides» à la gendarmeri­e, mise en cause par des rescapés qui ont affirmé que les gendarmes avaient eux-mêmes dirigé une partie des personnes en fuite vers cet axe en proie aux flammes.

Environ 1200 pompiers et 400 véhicules restaient mobilisés dans la région de Pedrogao Grande dans la soirée pour lutter contre l’incendie, dont le bilan s’élève à 64 morts et 157 blessés, dont sept graves.

Les funéraille­s de six des victimes étaient prévues, hier soir, près de la zone touchée par la catastroph­e.

Dans l’ensemble du Portugal, plus de 2000 pompiers sont engagés sur une centaine de foyers d’incendie.

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PHOTOS AFP 1. Onze avions de lutte anti-incendie ont été affrétés pour freiner la progressio­n des différents foyers d’incendie. 2. Des ambulances sont en tête d’un convoi pour évacuer les résidents du village de Picha, menacé par les flammes. 3. Environ 1200...
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