Son traitement contre le cancer retardé pour délais de traduction
Le protocole de recherche n’est pas encore disponible en français au CHUM
Une femme de 69 ans atteinte d’une récidive d’un virulent cancer dénonce qu’un traitement prometteur disponible en Ontario ne soit pas encore implanté au CHUM en raison de délais de traduction en français.
«C’est vraiment choquant, déplore Martine Roy. Ça fait des semaines que j’attends. Ils sont en train de me faire virer folle, ajoute-t-elle. Plus je suis malade, et moins j’aurai de chances de guérison.»
GROS CAILLOTS
Cette retraitée de Sainte-Julie a vu sa vie basculer en 2015 en raison d’intenses douleurs au bas ventre. Malgré plusieurs examens gynécologiques et une panoplie de tests à l’hôpital Charles-Le Moyne, les médecins n’ont jamais trouvé la source de son mal.
«Je saignais tellement, j’ai eu des caillots gros comme une balle de tennis. C’était épouvantable», raconte Mme Roy.
«Ça faisait tellement mal, je pleurais comme un enfant», dit la femme.
Après qu’elle eut fait des pieds et des mains pour être soignée, c’est finalement un médecin de Shawinigan qui a prononcé le terrible diagnostic en janvier 2016: cancer de l’endomètre (dans l’utérus) de stade 4.
OPÉRÉE D’URGENCE
«J’ai pleuré une heure de temps», se rappelle la dame, en sanglots.
Opérée d’urgence à l’hôpital Notre-Dame du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) en février 2016, la patiente s’est fait enlever tout l’appareil reproducteur féminin. Ont suivi quatre mois de chimiothérapie, qui semblaient avoir éliminé le cancer.
Or, au printemps dernier, les métastases étaient revenues. Et la chimio n’est plus une option.
«Si je ne fais rien, je suis morte dans six mois. J’avais une vie parfaite, j’étais comblée de bonheur. À cause d’une imbécile de gynécologue, je devrais dire adieu à ma vie?» déplore Mme Roy, qui a porté plainte au Collège des médecins du Québec.
Devant ce sombre portrait, son médecin du CHUM lui a proposé un protocole de recherche prometteur (Garnet). Cependant, la traduction des documents de l’anglais vers le français retarde actuellement l’implantation du traitement, confirme l’hôpital.
«On ne peut pas dire où on en est exactement, mais c’est ce qui retarde, dit Isabelle Lavigne, porte-parole du CHUM. On parle de jours, maximum de semaines avant que ce soit implanté.»
«Je trouve ça complètement ridicule. Pourquoi Ottawa offre le traitement, et un gros centre comme le CHUM n’est pas capable de l’avoir?» rage Mme Roy. Ça fait des semaines que les médecins se battent. Il y a sûrement d’autres femmes dans mon cas qui vont peut-être mourir entre-temps parce que c’est trop long.»
« IL FAUT RÊVER »
Incapable de se faire traiter au Québec, Mme Roy s’est rendue dans un hôpital d’Ottawa qui offre ce traitement, mardi dernier. Or, les longs voyagements et les multiples rendez-vous l’ont découragée. Elle suivra donc un traitement temporaire jusqu’à ce que le Garnet soit disponible au CHUM. «C’est la décision la plus sage», dit-elle. Et même si ce traitement ne la guérit pas, la dame espère gagner du temps, en attendant l’arrivée de la nanothérapie, un nouveau traitement en cancérologie.
«Je rêve peut-être en couleurs, mais il faut rêver. Sinon, il n’y a pas d’espoir», avoue-t-elle.
« JE TROUVE ÇA COMPLÈTEMENT RIDICULE. POURQUOI OTTAWA OFFRE LE TRAITEMENT, ET UN GROS CENTRE COMME LE CHUM N’EST PAS CAPABLE DE L’AVOIR? » – Martine Roy, patiente