Le Journal de Montreal

Faux patients pour les futurs médecins

Des centaines de personnes sont embauchées pour simuler des maladies afin d’exercer les étudiants

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T Dès l’automne prochain, l’empathie et la communicat­ion des candidats à la faculté de médecine de l’Université de Montréal seront évaluées par un test écrit.

Des centaines de « faux patients » sont embauchés chaque année dans les université­s pour aider les futurs médecins à pratiquer leurs façons de soigner. Un travail populaire et sérieux qui fait une réelle différence dans la formation.

« C’est étonnant le nombre de personnes qui ont une facilité et un plaisir à jouer, dit Suzanne Robert, directrice du Programme de patients standardis­és et réels de l’Université de Sherbrooke. Mais il n’y a pas de place à l’improvisat­ion. Les gens s’en tiennent au rôle. »

Si le diagnostic est au coeur du travail des médecins, encore faut-il avoir accès à des patients pour pratiquer ce volet majeur de leur profession.

Pour aider les étudiants, les quatre facultés universita­ires de médecine du Québec embauchent chaque année des centaines de « patients standardis­és ».

« Pour les étudiants, l’interactio­n avec le patient est importante. Ils ne sont pas habitués, et ça permet de pratiquer des scénarios sur des enjeux précis », explique Philippe Legault, directeur des opérations du centre de simulation de l’Université McGill. Patient agressif, anévrisme cérébral vasculaire, démence, enfant blessé ; tous les cas potentiels sont élaborés pour représente­r la réalité.

« BOUCHE-À-OREILLE »

À l’Université de Sherbrooke, 275 individus font partie d’une banque sur appel (voir encadré). Malgré 20 000 heures de simulation par année, l’Université n’a pas besoin de publiciser son programme, qui est très populaire.

« C’est exclusivem­ent du bouche-à-oreille, assure Mme Robert. Certains patients sont dans la banque depuis plus de 15 ans. »

À McGill, plusieurs patients sont issus du monde artistique.

« Souvent, c’est un deuxième travail pour eux. Ça peut être des demies journées, même quelques jours par semaine », dit M. Legault.

Les patients gagnent en moyenne entre 15 $ et 26 $ de l’heure, et peuvent être embauchés pour une dizaine de rôles différents dans l’année.

PEDIGREE ÉLABORÉ

Dans la semaine précédant les simulation­s, le patient doit apprendre un personnage complet décrit dans 8 à 10 pages à la maison, dont les niveaux de difficulté varient.

« Ils ont une famille, un métier, des loisirs. Il y a tellement de précisions que la simulation ne doit pas être détectable », dit Mme Robert.

À noter que ces patients standardis­és peuvent aussi servir auprès d’autres étudiants (infirmière­s, ergothérap­eutes, physiothér­apie).

 ??  ??
 ?? PHOTO COURTOISIE UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE ?? Des centaines de patients standardis­és sont embauchés par les facultés de médecine pour aider les étudiants à pratiquer les diagnostic­s. Sur les photos : des patients standardis­és de l’Université de Sherbrooke à l’oeuvre.
PHOTO COURTOISIE UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE Des centaines de patients standardis­és sont embauchés par les facultés de médecine pour aider les étudiants à pratiquer les diagnostic­s. Sur les photos : des patients standardis­és de l’Université de Sherbrooke à l’oeuvre.
 ??  ?? SUZANNE ROBERT Université de Sherbrooke
SUZANNE ROBERT Université de Sherbrooke

Newspapers in French

Newspapers from Canada