Une série au poil!
Cheval-Serpent offre beaucoup plus que des morceaux de peau
Mettons tout de suite les choses au clair, ChevalSerpent est beaucoup plus qu’une série de danseurs nus. Et c’est tant mieux.
L’auteure Danielle Trottier (Unité 9) a réussi à concocter des intrigues touffues et bien ficelées qui empêchent le drame réalisé par Sylvain Archambault (Les pays d’en haut) d’être un simple objet de curiosité clinquant. C’est du moins ce qu’on retient des trois premiers épisodes présentés hier aux médias.
Certes, la bande-annonce qui passe en boucle à Radio-Canada comporte plusieurs extraits de striptease. Mais en fin de compte, ces séquences ne constituent qu’une partie du récit. Le premier épisode en contient trois, dont deux performances de groupe au cours desquelles vous verrez plusieurs paires de fesses, mais pas grand-chose d’autre.
Car contrairement à ce qui avait été annoncé lors du tournage, Cheval-Serpent s’avère pauvre en nudité frontale. Ceux et celles qui croyaient qu’on allait leur servir la totale d’entrée de jeu seront déçus d’apprendre qu’ils devront attendre au troisième épisode pour apercevoir leur premier sexe. Et s’ils clignent des yeux au mauvais moment, leur soif de chair restera inassouvie. En d’autres termes, Cheval-Serpent ne transformera pas ICI Tou.tv Extra en ICI Tout.tv XXXtra… bien que lorsqu’elle sera présentée en ondes (à une date qui reste à être déterminée), la série sera accompagnée d’avertissements au retour de chaque pause publicitaire.
Face aux médias mercredi après-midi, la productrice Fabienne Larouche a raconté avoir soumis plusieurs montages des scènes de nudité à Radio-Canada. Leur consensus après maintes versions et discussions : tout montrer tout le temps ne menait nulle part. Au contraire, ça créait des malaises.
« Nous avons eu beaucoup de discussions de pénis dans mon bureau », a d’ailleurs confirmé la directrice générale d’ICI Radio-Canada Télé, Dominique Chaloult.
BRAS DE FER
Cheval-Serpent, c’est avant tout un bras de fer entre deux demi-frères : Laurent SaintPierre (Daniel Parent), un maire déterminé à nettoyer sa ville de toute activité jugée immorale, et David Gauthier (Guillaume Lemay-Thivierge), le copropriétaire d’un bar de danseurs nus. Conflits familiaux, corruption policière, condition masculine, inégalités sociales… Danielle Trottier réussit à toucher, à aborder tous ces thèmes sans jamais s’éparpiller. C’est gros, mais on y croit.
La distribution de Cheval-Serpent demeure sa principale qualité. Les actrices d’expérience tirent particulièrement leur épingle du jeu. De Marie Tifo (parfaite en Claire Underwood québécoise) à Louise Portal (éclatante en maîtresse humiliée), en passant par Sophie Prégent (charismatique) et Élise Guilbault (touchante), elles percent toutes l’écran.
Les acteurs s’illustrent également, notamment le mannequin et animateur Francisco Randez, très juste dans le rôle de Pete, un danseur vétéran jaloux de Julien, un petit nouveau campé avec aplomb par Alexandre Landry.