Le Journal de Montreal

Tape sur les doigts pour les pompiers saccageurs

Ils s’en tirent avec une amende et ils n’auront pas de casier judiciaire

- MICHAËL NGUYEN

Les pompiers qui ont participé au saccage de l’hôtel de ville de Montréal il y a presque trois ans s’en sortent avec une tape sur les doigts, sans aucun casier judiciaire.

«Les accusés reconnaiss­ent leur responsabi­lité, ils ont dépassé les limites permises dans le cadre de relations de travail», a pourtant affirmé Me Christine Richard de la Couronne, hier, au palais de justice de Montréal.

Plutôt que de subir un mégaprocès comme c’était initialeme­nt prévu, les 53 pompiers accusés ont vu les accusation­s de méfait et d’attroupeme­nt illégal tomber. En échange, ils ont payé une amende de 638 $, en plus de verser chacun un don de 500 $ aux Centres d’aide aux victimes d’actes criminels. Cela représente des totaux de 33 814 $ d’amendes et 26 500 $ en dons.

SATISFACTI­ON

«Ce règlement satisfait nos clients, et la société en tire son compte, a commenté Me Daniel Rock de la défense. Créer un dossier judiciaire n’était pas la solution: ce sont des personnes qui occupent un emploi important pour notre sécurité.»

Aucun accusé n’était présent à la cour, ils étaient représenté­s par leurs avocats.

Par voie de communiqué, ils se sont dit «réjouis» de la fin du dossier.

«Nous sommes heureux de constater que l’appareil judiciaire a fait bon droit à la nécessité d’éviter de criminalis­er des travailleu­rs qui sont tous des pères de famille qui n’avaient que l’intention de protéger leur patrimoine personnel et collectif», s’est exclamé le président de l’Associatio­n des pompiers de Montréal, Ronald Martin.

ÉCONOMIE

L’annulation du mégaprocès, prévu pour huit semaines au Centre judiciaire Gouin (habituelle­ment réservé aux groupes criminels comme les Hells Angels), permettra également d’économiser du temps, mais aussi beaucoup d’argent.

«Si les pompiers avaient dû se présenter à leur procès, il aurait fallu les remplacer, a expliqué Me Rock. Les conséquenc­es auraient été très onéreuses. Ce cas-ci est un exemple d’une façon de régler les problèmes de délais à la cour.»

La Couronne s’est également dite «très satisfaite» du règlement, d’autant plus que les pompiers ont reconnu le saccage de l’hôtel de ville, le 18 août 2014.

«Personne n’est fier de ce qu’il s’est passé, mais on tourne la page», a renchéri Me Rock.

Ce jour-là, une manifestat­ion contre la loi sur les régimes de retraite, devant l’hôtel de ville de Montréal, avait complèteme­nt dégénéré.

Sous les yeux des policiers, les manifestan­ts avaient vandalisé la salle du conseil en lançant des papiers et en apposant des autocollan­ts un peu partout. En tout, 65 personnes ont été accusées, entre autres, d’attroupeme­nt illégal et de méfait.

Cinquante-quatre pompiers avaient été accusés, de même que 11 cols bleus qui ont eux aussi profité d’un arrêt des procédures. De ce nombre, un pompier est depuis décédé et un autre accusé avait plaidé coupable en échange d’une absolution totale.

Les pompiers ont aussi versé à Montréal «une indemnité compensato­ire significat­ive pour les dommages et préjudices subis par la Ville». Ce montant est toutefois confidenti­el.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Le 18 août 2014, une manifestat­ion contre la loi sur les régimes de retraite avait complèteme­nt dégénéré quand des pompiers et des employés municipaux avaient saccagé l’hôtel de ville de Montréal, sous le regard des policiers.
PHOTO D’ARCHIVES Le 18 août 2014, une manifestat­ion contre la loi sur les régimes de retraite avait complèteme­nt dégénéré quand des pompiers et des employés municipaux avaient saccagé l’hôtel de ville de Montréal, sous le regard des policiers.
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ME DANIEL ROCK Avocat

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