Tape sur les doigts pour les pompiers saccageurs
Ils s’en tirent avec une amende et ils n’auront pas de casier judiciaire
Les pompiers qui ont participé au saccage de l’hôtel de ville de Montréal il y a presque trois ans s’en sortent avec une tape sur les doigts, sans aucun casier judiciaire.
«Les accusés reconnaissent leur responsabilité, ils ont dépassé les limites permises dans le cadre de relations de travail», a pourtant affirmé Me Christine Richard de la Couronne, hier, au palais de justice de Montréal.
Plutôt que de subir un mégaprocès comme c’était initialement prévu, les 53 pompiers accusés ont vu les accusations de méfait et d’attroupement illégal tomber. En échange, ils ont payé une amende de 638 $, en plus de verser chacun un don de 500 $ aux Centres d’aide aux victimes d’actes criminels. Cela représente des totaux de 33 814 $ d’amendes et 26 500 $ en dons.
SATISFACTION
«Ce règlement satisfait nos clients, et la société en tire son compte, a commenté Me Daniel Rock de la défense. Créer un dossier judiciaire n’était pas la solution: ce sont des personnes qui occupent un emploi important pour notre sécurité.»
Aucun accusé n’était présent à la cour, ils étaient représentés par leurs avocats.
Par voie de communiqué, ils se sont dit «réjouis» de la fin du dossier.
«Nous sommes heureux de constater que l’appareil judiciaire a fait bon droit à la nécessité d’éviter de criminaliser des travailleurs qui sont tous des pères de famille qui n’avaient que l’intention de protéger leur patrimoine personnel et collectif», s’est exclamé le président de l’Association des pompiers de Montréal, Ronald Martin.
ÉCONOMIE
L’annulation du mégaprocès, prévu pour huit semaines au Centre judiciaire Gouin (habituellement réservé aux groupes criminels comme les Hells Angels), permettra également d’économiser du temps, mais aussi beaucoup d’argent.
«Si les pompiers avaient dû se présenter à leur procès, il aurait fallu les remplacer, a expliqué Me Rock. Les conséquences auraient été très onéreuses. Ce cas-ci est un exemple d’une façon de régler les problèmes de délais à la cour.»
La Couronne s’est également dite «très satisfaite» du règlement, d’autant plus que les pompiers ont reconnu le saccage de l’hôtel de ville, le 18 août 2014.
«Personne n’est fier de ce qu’il s’est passé, mais on tourne la page», a renchéri Me Rock.
Ce jour-là, une manifestation contre la loi sur les régimes de retraite, devant l’hôtel de ville de Montréal, avait complètement dégénéré.
Sous les yeux des policiers, les manifestants avaient vandalisé la salle du conseil en lançant des papiers et en apposant des autocollants un peu partout. En tout, 65 personnes ont été accusées, entre autres, d’attroupement illégal et de méfait.
Cinquante-quatre pompiers avaient été accusés, de même que 11 cols bleus qui ont eux aussi profité d’un arrêt des procédures. De ce nombre, un pompier est depuis décédé et un autre accusé avait plaidé coupable en échange d’une absolution totale.
Les pompiers ont aussi versé à Montréal «une indemnité compensatoire significative pour les dommages et préjudices subis par la Ville». Ce montant est toutefois confidentiel.