Le Journal de Montreal

Québec, c’était du terrorisme

- lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary LISE RAVARY e Blogueuse au Journal Communicat­rice, journalist­e et chroniqueu­se

Je ne sais pas ce que le maire de Québec veut démontrer en insistant sur le fait que l’attentat au Centre culturel islamique de Québec n’était pas un acte terroriste. Essaie-t-il de protéger l’image de sa ville de carte postale?

Il suffit de consulter le dictionnai­re pour voir que Régis Labeaume fait l’autruche.

Selon Larousse, «le terrorisme est un ensemble d’actes de violence commis par une organisati­on ou un individu pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouverneme­nt, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté [mes italiques], d’un pays, d’un système.»

PAS D’EXCUSES

Je ne vois pas comment l’attentat de Québec peut se soustraire à l’étiquette «terroriste». Que ce soit «un p’tit gars de la place qui l’a fait», qu’il souffre ou non de «maladie mentale» ne change rien à rien. Sommes-nous censés ressentir de la compassion parce qu’Alexandre Bissonnett­e est «de souche» et déprimé?

Pour les musulmans de Québec, il ne fait aucun doute que leur communauté a été visée par un attentat terroriste. Je trouve indécent qu’un politicien remette en question le choix des mots des proches des victimes.

Si Bissonnett­e s’était converti à l’islam et qu’il avait tué des Québécois catholique­s dans une église, je doute que monsieur le maire aurait décrit le présumé meurtrier comme «un p’tit gars de la place qui s’est alimenté à l’intoléranc­e ambiante et sur internet», ajoutant «c’est pas du terrorisme ça».

Ça ressemble drôlement à n’importe quel terroriste radicalisé.

MALADE MENTAL ?

On l’a vu avec les procès de Guy Turcotte. Il est plus facile de blâmer la maladie mentale que de la prouver. Il faut être agité du bocal – merci, Michel Hébert, pour cette savoureuse expression – pour tuer un autre être humain, mais la folie ne peut être invoquée que si on arrive à prouver hors de tout doute qu’un tueur était incapable de distinguer le bien du mal au moment de passer à l’acte.

Il serait bien de ne pas banaliser cette défense aussi essentiell­e que mal comprise.

Je trouve aussi regrettabl­e que le maire Labeaume tente d’imposer l’idée qu’il s’agit du «fruit de l’intoléranc­e». Une belle noix de coco avec ça?

Bien sûr qu’Alexandre Bissonnett­e transpirai­t l’intoléranc­e par tous les pores de sa peau, tout comme l’homme qui a foncé avec une camionnett­e sur des musulmans qui se trouvaient devant la mosquée de Finsbury Park, à Londres, mais on peut être intolérant sans être dangereux. Le mot «intolérant» n’est pas assez fort quand il y a mort d’hommes.

Les terroriste­s islamistes tuent parce qu’ils détestent l’Occident, ses moeurs et ses infidèles. Un type comme Bissonnett­e tue parce qu’il déteste l’islam, ses moeurs et ses adhérents. Où est la différence?

Le DPCP hésite à porter des accusation­s de terrorisme, qui sont difficiles à prouver. C’est peut-être un choix stratégiqu­e qui permettra un procès plus rapide. De toute façon, s’il est trouvé coupable des six accusation­s de meurtres prémédités, il pourrait passer six fois 25 ans en prison sans possibilit­é de libération conditionn­elle. La peine la plus grave au Canada.

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