Pas de retraite pour Michel Tremblay
Le géant de la dramaturgie québécoise, qui fête ses 75 ans, ne peut concevoir sa vie sans l’écriture
Michel Tremblay, figure emblématique de la littérature et de la dramaturgie québécoise, soufflera ses 75 bougies dimanche. Bien qu’il ne déborde pas d’enthousiasme à l’idée de franchir ce cap, c’est un artiste passionné, toujours habité par une soif d’écrire intarissable, qui s’est entretenu avec Le Journal, pour l’occasion.
«Soixante-quinze, ç’a quelque chose de définitif», a répondu l’écrivain lorsque nous lui avons demandé dans quel état d’esprit il se trouvait, à quelques jours de son anniversaire.
«On ne peut plus prétendre qu’on est jeune, a-t-il poursuivi. On le sait depuis longtemps qu’il y en a plus derrière nous que devant, mais pour moi, c’est vraiment le début de la fin, même si je suis en forme et que je n’ai pas de problèmes. C’est… ouf!»
Heureusement pour lui, c’est dans un lieu qu’il affectionne, entouré de nombreux collègues et amis, mais également du public, qu’il vivra cette journée. En effet, le Théâtre du Nouveau Monde offrira exceptionnellement une représentation de sa comédie musicale Demain matin, Montréal m’attend, dimanche après-midi. Un hommage lui sera rendu une fois le rideau tombé.
RECONNAISSANCE
Surtout, n’allez pas croire que sa remarque était empreinte de sarcasme. L’auteur, à qui le théâtre Espace Go a également rendu hommage dans le cadre de sa soirée-bénéfice, en avril dernier, n’est pas du genre à renier les marques d’affection, bien au contraire.
«Il y avait tellement peu de chance que ce qui m’est arrivé m’arrive, que j’apprécie le moindre petit cadeau», a expliqué l’artiste qui se considère comme un selfmade-man, puisqu’il n’a pas fait d’ «écoles».
«Ressentir la reconnaissance des autres, c’est merveilleux, a-til ajouté. Tout le monde veut être apprécié, alors je ne comprends pas que l’on puisse refuser certains honneurs.»
Parmi les «cadeaux» qu’on lui fera au cours des prochains jours, on compte le lancement d’une publication de 1400 pages comprenant les neuf tomes de sa série La diaspora des Desrosiers. Publié chez Leméac Éditeur et Actes Sud (en Europe), le bouquin sera en librairie à compter de mercredi.
«De voir que tes éditeurs prennent la peine de réunir neuf livres qui vont ensemble dans un même volume, sur du beau papier et tout ça, c’est vraiment formidable. C’est mon cadeau de 75e anniversaire de leur part.»
OCCUPÉ
Une chose est sûre: Michel Tremblay n’a pas l’intention de ralentir le rythme.
«La perte d’inspiration, c’est la plus grande frousse de ma vie, a-t-il dit. On n’a jamais rencontré un artiste qui voulait prendre sa retraite. Ça n’existe pas.»
L’auteur, qui a pris l’habitude de présenter un roman par an, et ce, depuis une quinzaine d’années déjà, lancera en octobre un nouveau récit intitulé Le peintre d’aquarelles.
«J’ai fini les dernières corrections il y a quelques semaines, a-t-il indiqué. Tout ce que je peux dire, c’est que je reprends un personnage que j’ai abandonné il y a une trentaine d’années et qui est maintenant devenu une vieille personne.»
Il n’y a pas que ce lancement qui gardera l’artiste occupé d’ici la fin de l’année. Avant Noël, ses obligations l’amèneront même à quitter son domicile de Key West (il y vit six mois par an) durant une dizaine de jours.
À son ordre du jour: la première d’Enfant insignifiant!, adaptation de son livre Conversations avec un enfant curieux qui sera présentée chez Duceppe, à compter du 13 décembre. Il signera également le conte offert par l’OSM dans le cadre de leurs concerts de Noël, qui auront lieu du 19 au 21 décembre.