Toujours idoles de la génération X
Tears for Fears a séduit la foule avec un enchaînement de succès
Il faut convenir que d’innombrables ritournelles des années 1980 ont mal vieilli, avec leur synthé souvent trop appuyé. D’où nos réserves à assister hier au spectacle de Tears for Fears à la Place des Arts, sachant de plus qu’on n’aurait pas droit ici au programme double avec Hall & Oates, qui a électrisé le Centre Vidéotron de Québec mercredi.
Toutefois, nos appréhensions se sont dissipées aussitôt la levée du rideau. La voix de la Néo-zélandaise Lorde, qui sera de passage à Osheaga en août, portait les paroles d’Everybody Wants to Rule the World (The Hunger Games: Catching Fire, 2013) avec langueur quand le duo britannique a jeté un pont entre les générations en se réappropriant sa pièce-culte, sous les acclamations d’une salle déjà debout.
Roland Orzabal et Curt Smith ont empilé les succès, surtout puisés dans les opus qui ont fait leur renommé, The Hurting (1983), Songs from the Big Chair (1985) et The Seeds of Loves (1989).
SON INCHANGÉ
Premier constat: leur son est inchangé, leurs voix intactes, loin d’être étiolées par le temps.
Seeds of Love, qui a emboîté le pas à une Secret World à la Paul McCartney enchâssant ça et là les Someone’s Knocking at the Door, a rallié comme on l’anticipait l’assistance composée à forte majorité de gens de la génération X, certains ayant amené avec eux leur progéniture déjà dans la vingtaine.
«Ça fait plusieurs années que nous avons joué à Montréal, à mon souvenir c’était peut-être en 1992 ou en 1995, alors je crois que je porte le même pantalon», a blagué Orzabal, avant que la première forte secousse ne traverse la salle au premier accord de Pale Shelter.
Si Everybody Loves a Happy Ending, la pièce titre de l’album de 2004 qui a marqué la réconciliation des deux meneurs après 12 ans sur des chemins séparés n’a pas maintenu le momentum, l’enfilade de classiques remontant aux origines (Change et Mad World) a suffi à le raviver. Autre clin d’oeil intergénérationnel, Creep a soudainement fait irruption dans la séquence, doublée par la foule qui a mêlé sa voix sur ce classique de Radiohead.
Orzabal et Smith, tous deux âgés de 55 ans (Curt Smith célébrera samedi son 56e anniversaire), avaient l’intention de frapper fort pour clore la soirée, avec leur tube le plus contagieux en carrière, Shout, réservé en rappel.
Si l’on déplore que la formation n’ait pas donné d’avant-goût de ses chansons qui débarqueront dans les bacs à l’automne, on ne peut rien reprocher à sa prestation, réglée au quart de tour. Surtout que son répertoire a traversé les années sans perdre de son lustre ni de sa pertinence, avec un propos encore d’actualité.