Le Journal de Montreal

Les survivants du défilé de la Saint-Jean-Baptiste

La famille victime d’une voiture folle a refait sa vie malgré un autre drame

- ÉRIC YVAN LEMAY Chaque printemps, la famille Coursolle-Whissell trouve un papillon blanc qui vole dans la roulotte lors de l’ouverture. Pour eux, il s’agit d’un clin d’oeil fait par Noah. La mère de famille prend toujours une photo du papillon pour la gar

Johanne Coursolle a perdu son mari, il y a neuf ans, dans un tragique accident durant le défilé de la Saint-Jean. Quatre ans plus tard, c’était au tour de son fils de sept ans de mourir quelques jours après la fête nationale. Malgré tout, elle s’est relevé les manches et entend bien fêter aujourd’hui avec ses enfants.

«Ça ne sera plus jamais exactement comme avant, mais tout ça n’a rien enlevé à l’importance et à la significat­ion de cette fête», dit la mère de famille, rencontrée hier au Camping D’aoust, à Hudson, en Montérégie.

Son histoire et celle de son mari ont fait le tour du pays en 2008. Ce dernier, Steve Whissell, avait sauvé ses enfants en les poussant alors qu’une voiture sans conducteur dévalait une pente lors du défilé de la fête nationale. La femme, mère de trois enfants, avait elle aussi été frappée par la voiture. Elle a dû passer quatre mois à l’hôpital, notamment pour des blessures au dos.

Elle a par la suite sombré dans une dépression majeure, qui a duré quelques années. «Dès que je voyais une fleur de lys, je tournais la tête», raconte la femme de 48 ans.

«JE NE LE CROYAIS PAS»

Un autre événement tragique viendra encore changer sa vie. Le 28 juin 2012, son petit Noah, âgé de sept ans, a été happé mortelleme­nt par une camionnett­e alors qu’il circulait à vélo dans le camping où la famille passe ses étés.

«Je ne le croyais pas au début, je me suis dit: “Ça ne se peut pas”. C’était impossible, je pensais qu’on ne pouvait vivre qu’un gros drame dans une vie», dit-elle.

Or, plutôt que de s’apitoyer sur son sort, elle a choisi de se relever les manches pour ses deux autres enfants, qui sont devenus sa raison de vivre.

«Ça a tellement changé ma vie, dit-elle. Aujourd’hui, je profite de chaque petit moment. Je vis beaucoup plus dans le moment présent.»

UNE MEILLEURE MÈRE

Paradoxale­ment, elle dit que la mort de son fils lui a permis de mieux accepter celle de son mari.

«Noah parlait toujours de son père. Aujourd’hui, il est avec lui. Je me dis que Steve s’en occupe et que moi, je m’occupe des deux autres», dit la femme qui a beaucoup appris dans les épreuves. «Je pense même que je ne serais pas une aussi bonne mère pour mes enfants. Les deux (Steve et Noah) m’ont beaucoup appris dans ce drame-là.»

 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? Johanne Coursolle, entourée de ses enfants, Nathan et Lily-Rose, a dû réapprendr­e à aimer la fête nationale après le décès de son mari, Steve Whissell. Ce dernier a sauvé ses enfants avant d’être happé par une voiture lors du défilé à Huberdeau en 2008.
PHOTO CHANTAL POIRIER Johanne Coursolle, entourée de ses enfants, Nathan et Lily-Rose, a dû réapprendr­e à aimer la fête nationale après le décès de son mari, Steve Whissell. Ce dernier a sauvé ses enfants avant d’être happé par une voiture lors du défilé à Huberdeau en 2008.
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STEVE WHISSELL Père décédé
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NOAH WHISSELL Fils décédé

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