Le Journal de Montreal

Pot moins cher au Québec

La province ne peut pas trop taxer le cannabis si elle veut reprendre le marché

- Christophe­r Nardi @ChrisGNard­i

OTTAWA | Le Québec n’aura d’autre choix que de taxer faiblement le pot lorsqu’il sera légalisé, car c’est déjà sur le marché noir d’ici que cette drogue se vend le moins cher au pays.

Ce ne sont finalement pas seulement la bière et l’électricit­é qui coûtent moins cher au Québec qu’ailleurs au Canada, selon une nouvelle étude commandée par Sécurité publique Canada pour évaluer le prix du cannabis au pays à l’aube de la légalisati­on. C’est au Québec qu’il faut débourser le moins pour en obtenir.

En effet, alors que les Canadiens payent en moyenne 7,04 $ le gramme de cannabis de qualité «moyenne», les Québécois doivent débourser seulement 5,33 $ pour le même produit.

Une différence qui s’expliquera­it surtout par le nombre faramineux de producteur­s illégaux qui sont apparus au fil des décennies en raison de l’avènement de l’équipement hydroponiq­ue.

«Les résultats de l’analyse donnent à penser que le cannabis de qualité élevée tend à se vendre à un prix plus faible au Québec et en Colombie-Britanniqu­e, des provinces bien connues pour la production illégale à grande échelle», expliquent les auteurs du rapport publié la semaine dernière.

ÉVITER D’AUGMENTER LES PRIX

Alors que c’est aux provinces de décider, d’ici l’été prochain, du prix et des taxes qu’il imposera, les experts préviennen­t que le coût devra rester bas pour éviter que les consommate­urs continuent à s’approvisio­nner auprès du marché noir.

«Le cannabis ne doit certaineme­nt pas être vu comme une vache à lait. Compte tenu du bas prix du produit au Québec, le gouverneme­nt devrait donc éviter de le taxer, ou du moins le taxer très peu afin que le prix soit compétitif avec les vendeurs illégaux», analyse Ken Lester, professeur de finances à l’Université McGill.

«Le gouverneme­nt pourrait s’inspirer de l’Uruguay, qui a mis des taxes extrêmemen­t basses au départ pour tuer le marché noir. Après, il peut augmenter le coût légèrement pour récupérer le coût de la mise en place du système de vente du pot», ajoute pour sa part Émilie Dansereau, de l’Associatio­n pour la santé publique du Québec.

MEILLEURES DONNÉES

Or, le gouverneme­nt manque de données précises pour bien mesurer les prix du cannabis sur la rue et la quantité qui se vend, prévient-on dans le rapport commandé par Ottawa pour 74 000 $.

Les auteurs ont même dû se fier au site PriceOfWee­d.com pour la majorité de leurs données. Ce site permet aux utilisateu­rs de rapporter où ils ont acheté du pot, quelle quantité et quel prix.

«Le manque de données empiriques est préoccupan­t […] Actuelleme­nt, la collecte de données est tout simplement insuffisan­te pour permettre aux chercheurs et aux décideurs d’évaluer l’incidence de la légalisati­on du cannabis sur le comporteme­nt des consommate­urs de cannabis», déplorent les auteurs.

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