Le Journal de Montreal

Aucune donnée n’est disponible au Québec

- CAMILLE GARNIER

Le Québec est la seule province canadienne qui ne dispose d’aucune donnée sur le nombre de surdoses mortelles en 2016, comme on le constate dans une enquête publiée récemment par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).

Contacté par Le Journal, le ministère de la Santé et des Services sociaux indique qu’il travaille encore à recueillir les chiffres et que ceux-ci seront disponible­s avant la fin de l’année.

Même si la plupart des interlocut­eurs se sont accordés à reconnaîtr­e que le décompte des surdoses était un processus long, beaucoup s’étonnent que le Québec soit la seule province canadienne à ne pas pouvoir communique­r cette informatio­n.

UNE FAUTE

Pour Guy-Pierre Lévesque, directeur général de l’organisme Méta d’Âme, ne pas disposer de ces données aujourd’hui est «une faute à réparer».

Jean-François Mary, directeur de l’Associatio­n québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatri­ces de drogues (AQPSUD), pense que le retard du Québec sur les autres provinces est révélateur de son manque de préparatio­n face à la menace que font peser les opioïdes.

«Sous prétexte que nous sommes relativeme­nt épargnés jusqu’ici, on prend le problème à la légère», souligne-t-il.

M. Mary se demande combien de décès surviendro­nt avant que les autorités débloquent les fonds nécessaire­s à la prévention d’une épidémie de surdoses au Québec.

«Lorsque s’est déclenchée la crise du syndrome respiratoi­re aigu sévère, au début des années 2000, on a trouvé un demi-milliard immédiatem­ent, rappellet-il. Peut-être que les toxicomane­s ne sont tout simplement pas une population assez rentable électorale­ment pour que l’on décide de s’occuper d’elle.»

PIRE EN DEHORS DE MONTRÉAL

Les organismes communauta­ires estiment que la situation est pire en dehors de Montréal, où les structures d’accompagne­ment des toxicomane­s manquent encore davantage de moyens et se heurtent à de nombreuses difficulté­s.

«Là où un utilisateu­r d’opioïdes va attendre quatre jours à Montréal pour accéder à un traitement de substituti­on, cela peut prendre jusqu’à un mois chez nous», regrette Yves Séguin, directeur du Centre d'interventi­on et de prévention en toxicomani­e de la région de l'Outaouais (CIPTO).

Le directeur du CIPTO déplore également le manque de formation, dans sa région, à l’utilisatio­n de la Naloxone, cet antidote employé pour freiner les effets d’une surdose.

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