Le Journal de Montreal

Lac-Simon a reçu 5 fois plus d’argent que ce qu’a dit la chef

Elle nie avoir obtenu 6,6 millions $ pour ses élèves du primaire et du secondaire

- ANNE BLONDIN ET DAVID PRINCE

LAC-SIMON | La chef de LacSimon en Abitibi a grandement sous-estimé l’argent qu’elle reçoit pour l’éducation des enfants de sa communauté lors de son passage devant la commission Viens.

Adrienne Jérôme a déclaré sous-serment, le 7 juin, que l’éducation était sous-financée dans sa communauté.

«Le jeune Québécois qui va à l’école, c’est 8000 $ que le gouverneme­nt va financer. Le jeune autochtone, chez nous, dans la communauté, il va donner 3000 $. C’est un grand écart», a-t-elle soutenu.

Mme Jérôme a fait cette déclaratio­n lors de son passage à la commission Viens, qui vise à enquêter sur les services publics offerts aux communauté­s autochtone­s québécoise­s.

DÉSACCORD

Or, la déclaratio­n de Mme Jérôme est inexacte. Selon des données obtenues par Le Journal, le ministère des Affaires autochtone­s a donné 6,6 millions $ en 20162017 pour offrir des services à 460 élèves de niveau primaire et secondaire de LacSimon, soit une moyenne de plus de 14 000 $ par jeune. C’est près de cinq fois plus que ce qu’a soutenu Mme Jérôme devant la Commission Écoute, réconcilia­tion et progrès.

Lorsque jointe au téléphone, la chef a maintenu les chiffres qu’elle avait avancés à la commission Viens et n’était pas d’accord avec le ministère sur la subvention reçue pour l’éducation de sa communauté.

«Je n’ai jamais reçu autant d’argent pour l’éducation de la part du ministère», a-telle affirmé.

PLUS D’ÉLÈVES?

Selon elle, Ottawa lui a donné 3,6 M$, mais elle soutient qu’il y a 600 élèves dans ses écoles, soit une moyenne de 6000 $ par jeune. C’est tout de même le double de ce qu’elle a déclaré à la commission.

En plus de cette somme, Lac-Simon a aussi reçu 2,9 M$ pour financer des programmes spéciaux pour les élèves en difficulté et pour l’éducation à la culture autochtone, pour un total de 6,6 M$.

«Nos enseignant­s sont presque tous au sommet de l’échelle salariale et gagnent 76 000 $ par année», a dit Adrienne Jérôme, en guise d’explicatio­n.

En plus des 6,6 M$ pour l’enseigneme­nt, la communauté de Lac-Simon a reçu un montant supplément­aire de 577 383 $ pour le financemen­t des plans et devis visant l’agrandisse­ment de l’école primaire Amikobi et le remplaceme­nt des systèmes d’éclairage des écoles primaire et secondaire.

AUCUNE ACCUSATION

La commission Viens a été mise en place par le gouverneme­nt Couillard après que des femmes autochtone­s eurent prétendu avoir été agressées par des policiers.

Après deux enquêtes policières, le DPCP a jugé qu’il n’y avait pas de preuves. Les huit policiers qui avaient été suspendus n’ont donc jamais été accusés. Les policiers de Val-d’Or poursuiven­t d’ailleurs Radio-Canada et la journalist­e Josée Dupuis pour 2,3 M$ en diffamatio­n.

Deux des huit policiers suspendus ont d’ailleurs rapidement repris leurs fonctions puisqu’ils ne travaillai­ent pas à Val-d’Or au moment des faits allégués. L’un d’entre eux n’était même pas encore policier à ce moment.

«LE JEUNE QUÉBÉCOIS QUI VA À L’ÉCOLE, C’EST 8000 $ QUE LE GOUVERNEME­NT VA FINANCER. LE JEUNE AUTOCHTONE, CHEZ NOUS, DANS LA COMMUNAUTÉ, IL VA DONNER 3000 $. C’EST UN GRAND ÉCART» – Adrienne Jérôme, le 7 juin

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PHOTO CAPTURE D’ÉCRAN La chef de Lac-Simon, Adrienne Jérôme, continue de nier avoir reçu 6,6 M$ pour l’éducation dans sa communauté.

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