Le Journal de Montreal

Sept ans de prison pour trois mois de terreur sur deux jeunes femmes

- MICHAËL NGUYEN

Un violent proxénète manipulate­ur qui allait jusqu’à voler les chèques d’aide sociale de ses victimes a écopé de sept ans de pénitencie­r pour trois mois de terreur qu’il a fait subir à deux jeunes femmes.

Donald Valcourt a beau refuser l’étiquette de proxénète et clamer que la prostituti­on est «contre ses valeurs personnell­es», c’est pourtant ce qu’il est, conclut le juge Normand Bonin en condamnant le Lavallois ce mois-ci au palais de justice de Joliette.

De juillet à octobre 2015, le pimp de 36 ans a fait vivre un cauchemar à ses deux victimes dans la vingtaine, après leur avoir promis la lune.

«L’accusé traitait [l’une des victimes] aux petits oignons, lui faisait son déjeuner, lui faisait miroiter une vie de rêve», explique le juge en décrivant le début de la relation.

Quelques semaines plus tard, Valcourt a même emmené la femme en vacances au Mexique à ses frais. Elle croyait vivre un rêve, mais il a viré au cauchemar puisque le proxénète a ensuite montré son vrai visage. «Rapidement, l’accusé l’informe que le voyage a coûté cher, qu’il faut payer le loyer et les différents frais», a décrit le magistrat.

PROCHES MENACÉS

C’est là qu’il a forcé la jeune femme à se prostituer, tout comme il l’a fait avec la deuxième. Valcourt gérait tout, des annonces sur internet à l’accès à la chambre de motel. Les deux femmes devaient être disponible­s 24 heures sur 24 et elles étaient parfois forcées d’accepter jusqu’à huit clients l’un à la suite de l’autre.

Le proxénète gardait tout l’argent. Il prenait même les chèques d’aide sociale d’une des victimes. «Lorsqu’elle demande des sous, l’accusé se montre terribleme­nt pingre», note le juge.

Et gare à elles si elles osaient se plaindre, car Valcourt pouvait se montrer violent et menaçant. En plus de les battre, il a menacé l’une d’elles d’envoyer à sa famille des photos d’elle, nue.

Quand l’autre victime a tenté de s’enfuir, le proxénète a menacé de s’en prendre à ses amis et a confisqué son passeport. Elle a finalement brisé le silence grâce à deux policiers et une intervenan­te du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels.

À la cour, l’une des victimes a expliqué qu’elle se croyait réellement en amour avec son bourreau et que tout l’argent servirait à acheter une maison. Elle avait même du mal à considérer qu’elle était une victime. «Elle a peur des représaill­es, elle se sent humiliée, trahie et impuissant­e, elle [dit] avoir été brisée de toutes les façons possibles», déplore le juge qui a dénoncé «l’atteinte à la dignité» des deux femmes par Valcourt.

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