PRÊT À TOUT POUR L’EMPLOI DE SES RÊVES
Aram Mansouri veut tellement devenir médecin que le jeune homme ultra compétitif se fait déjà appeler «docteur» à l’école.
Entouré de ses pairs lors d’une réunion du comité de bal des finissants, il ne semble pas chercher à s’imposer. Il rit des farces de ses amis. On pourrait presque l’oublier. «Bon allez, toi, docteur», l’interpelle le technicien en loisirs Sergio D’Amedola quand vient le temps de lister ses invités.
C’est sa marque de commerce, remarque son ami Jimmy Lam. «Si j’ai mal au bras, je lui demande: “qu’estce qu’il a mon bras?” S’il ne peut répondre, je le traite de mauvais médecin», raconte-t-il.
«C’est rare qu’on voie ça. Ce n’est pas facile à cet âge-là de savoir quoi faire dans la vie. Et lui, c’est clair dans sa tête. Il n’arrête pas d’en parler», observe M. D’Amendola.
«Une des choses que j’aime de la médecine, c’est que contrairement aux maths, il n’y a pas qu’une seule bonne réponse», explique Aram. Quand il s’agit de son avenir toutefois, la réponse est unique.
À l’entendre, tout ce qu’il fait à l’école et dans sa vie est une étape, une marche du grand escalier qui le mènera à ce jour où le nom Dr Mansouri sera réellement inscrit sur son sarrau. Il a fait son cours de secouriste. Cet été, il fera du bénévolat à l’hôpital Notre-Dame pour se familiariser avec son futur environnement.
RESPECTUEUX
Né en Iran de parents afghans, il est arrivé au Québec à l’âge de deux ans. Sa langue maternelle est le farsi. Il doit souvent faire le traducteur pour ses parents, qui parlent anglais, mais pas français. Son père donne des cours de piano à domicile, sa mère travaille comme couturière. «Ils sont vraiment fiers et contents de moi. Ils me disent: “l’enfant doit dépasser ses parents”.»
Ils ont quitté l’Iran et tout sacrifié pour lui donner une meilleure vie ainsi qu’à son grand frère de 24 ans, qui est aujourd’hui ingénieur, explique-t-il. «Je respecte tellement mes parents.» Il est aussi très élogieux envers ses camarades. Son ami Rafiul ira loin dans la vie, assure-t-il. «Les autres élèves sont de bonnes personnes. Quand tu es triste, ils vont être là pour toi, même quand ce ne sont pas nécessairement tes amis.»
Il n’a toutefois pas toujours été dans les premiers de classe. Il se souvient avoir eu des 60 % au primaire. «Avant, je ne travaillais pas. Je n’écoutais pas en classe. Je me tenais avec ceux qui parlaient beaucoup.»
Puis, il s’est réveillé en 2e secondaire, et l’ambition l’a piqué. «J’ai commencé à penser au cégep. J’ai commencé à travailler.» Le premier examen de maths où il s’est forcé, il a fini avec un 96 %, se souvient-il. «Quand j’ai vu mon potentiel dans tout, j’en voulais plus. J’y ai pris goût.»
Derrière son ton posé et son regard doux se cache maintenant une compétitivité féroce. «Si je peux avoir 1 % de plus, je vais le négocier. Ça énerve des gens dans ma classe», avoue-t-il. Et quand il entend des camarades dire que tel exercice ou problème est impossible à résoudre, sa motivation s’accroît. «J’aime le défi.»
Quand il a fait son cours de secourisme, il s’est retrouvé entouré de jeunes qui visaient eux aussi la médecine. «Je ne me suis jamais senti aussi average [moyen] de toute ma vie», s’exclame-t-il en riant.
DOUTE
Il lui arrive tout de même de douter de lui-même. «Surtout pendant les examens. Si je ne comprends pas la première question, je passe 15 minutes à me dire: “ça y est, je ne vais pas finir médecin, je vais être dans la rue. Je vois ma vie devant mes yeux”.»
«Je me vois beaucoup dans le futur. Même qu’il y en a qui me disent: “il faut que tu vives le moment présent”», concède-t-il.
Il n’a pas de copine en ce moment, mais aimerait avoir des enfants un jour. «Oui, dans 100 ans!» ironise-t-il.
L’automne prochain, il ira au collège Vanier en sciences de la nature, volet santé. Il rêve de se spécialiser en chirurgie. Devenir une sommité. Et peut-être aussi démarrer une pharmaceutique. Rien de moins.