« ON DIRAIT LISA SIMPSON »
«Mon père se met tout le temps à pleurer quand je reçois un méritas», raconte Mylie-Anne Laurin Quezada.
Elle a grandi dans le quartier Centre-Sud et a vu ses parents passer par l’aide sociale à certains moments de leur vie.
Timide au premier abord, son regard s’illumine dès qu’elle parle de son engagement social. «Des fois, je me dis que j’aimerais changer le monde. Avec tous les problèmes qu’il y a: les inégalités, les rapports hommes femmes, la discrimination, les écarts entre les riches et les pauvres», énumère-t-elle. Cette sensibilité aux injustices remonte à son enfance. En première année du primaire, le directeur de son école a remarqué qu’elle était particulièrement douée et a suggéré à ses parents de l’envoyer à l’école Le Plateau, spécialisée en musique.
«J’avais très peur qu’elle ne puisse pas réussir parce que c’est une école pour enfants doués», se souvient son père Walter Quezada. «Mais elle a réussi, elle a gardé le cap. Je capotais. On dirait Lisa Simpson», s’exclame-t-il.
L’ambition et les résultats scolaires spectaculaires de sa fille, il n’en revient tout simplement pas, lui qui a lâché l’école en 3e secondaire et travaille dans une cafétéria.
Reste que, de son côté, elle avait l’impression que les autres enfants venaient d’un milieu plus riche que le sien. «Les autres habitaient dans des maisons, moi en habitation à loyer modique [HLM]. Je me demandais pourquoi je n’avais pas le droit aux mêmes trucs qu’eux», se souvient-elle.
OUVERTE D’ESPRIT
À l’école, elle a fait partie d’un comité luttant contre l’homophobie, une cause qui lui tient à coeur. C’est d’ailleurs un drapeau de la fierté gaie qui sert de rideau à l’entrée de sa chambre. «Moi je suis ouverte d’esprit, mais je sais que d’autres sont plus fermés», explique celle qui a un copain depuis deux mois.
L’automne prochain, elle commencera une technique en éducation spécialisée au cégep du Vieux-Montréal, ce qui lui permettra de travailler dans des écoles, des centres jeunesse ou des CLSC. Elle contemple aussi l’idée de faire un baccalauréat en orthopédagogie ou psychoéducation par la suite.
En attendant, elle passera l’été à accompagner un enfant handicapé qui est en fauteuil roulant pour qu’il puisse participer aux activités d’un camp de jour.
«Si je gagne le gros lot un jour, je vais juste donner à plein d’organismes», résume-t-elle.