Bouleversant retour après un kidnapping
Amy Gentry, chroniqueuse littéraire pour le Chicago Tribune, connaît un succès énorme avec son premier roman, Les filles des
autres. Ce formidable roman à suspense dévoile au comptegouttes l’histoire d’une fille de 13 ans, kidnappée dans sa chambre, qui revient dans sa famille dix années plus tard.
Le rapt de Julie — sous les yeux de sa petite soeur, trop effrayée pour hurler — a des effets dévastateurs sur la famille Whitaker. Tous espèrent qu’elle est encore en vie. Dix ans plus tard, on sonne à la porte. C’est Julie. Vivante.
Toute la famille est ravie, mais Anna, la mère de Julie, a des doutes. Cette femme qui prétend être Julie est-elle vraiment sa fille? Lorsqu’un ex-inspecteur devenu détective privé communique avec elle, elle entreprend une longue et difficile quête de la vérité.
SUSPENSE SOUTENU
Amy Gentry, titulaire d’un doctorat en littérature anglaise à l’Université de Chicago, n’a pas ménagé ses efforts pour écrire un roman dont le suspense est soutenu, mêlant des descriptions du Texas et toutes sortes de pistes à cette histoire. «J’ai eu l’idée de ce roman il y a une dizaine d’années, lorsque le kidnapping d’Elizabeth Smart faisait la manchette. Cette fille de 13 ans a été kidnappée dans sa chambre à coucher, en Utah, un peu comme Julie, le personnage de mon roman. Elle avait été retrouvée neuf mois plus tard. Deux choses m’ont marquée : la couverture médiatique et l’acharnement des médias à son sujet, considérant son très jeune âge», commente Amy en entrevue. C’était la «victime parfaite» pour la télévision. «J’étais intéressée à décrire quelqu’un qui avait aussi les traits d’une victime parfaite... mais ce que je savais aussi, c’était que mon personnage, Julie, allait se comporter d’une manière bien différente. Totalement à l’encontre de ce qu’on attend d’une victime d’agression. Ça la rendrait peu aimable, peu crédible, et ça irait peut-être jusqu’à semer des doutes sur sa véritable identité.»
VOIR CLAIR
Amy Gentry démontre que la mère de Julie, Anna, voit clair. «J’ai rapidement compris ce personnage : elle vit dans le déni sur bien des aspects au cours du roman. Au début, elle s’est convaincue qu’elle connaît l’issue du problème, que c’est terminé, que sa fille est décédée. On peut s’imaginer que le retour de Julie est miraculeux et que tout le monde s’en réjouirait...», poursuit-elle.
À sa grande surprise, Amy Gentry a découvert, en faisant ses recherches, qu’il y avait bel et bien eu des cas d’imposteurs se faisant passer pour des enfants kidnappés qui rentraient à la maison.
Plus l’histoire avance, plus la vie d’Anna s’effrite. Elle commence à douter de tout : sa fille, son mari... «J’aime faire en sorte que les choses tombent en morceaux, quand j’écris. La partie difficile était de recoller les morceaux. La famille s’est adaptée — si l’on peut dire — au kidnapping et à l’absence de Julie. Tellement qu’ils sont tous très bouleversés, quand le livre commence. Ils sont dans un équilibre précaire. Le retour de Julie comble les rêves les plus fous de chacun d’entre eux... et en même temps, met en échec leurs mécanismes d’adaptation et leurs bases. Nous apprenons très vite que Julie ment. Mais peut-être que tout le monde ment aussi?»
Amy Gentry a fortement ancré son histoire dans les rues de Houston, au Texas. «J’ai grandi à Houston et j’y suis retournée. Et je voulais vraiment dépeindre cette ville. Je savais que j’allais beaucoup parler de conduite automobile : on est toujours en voiture, à Houston, parce que c’est une ville tellement vaste. Mais c’est aussi une métaphore : chacun est bien seul dans sa bulle.»