Une histoire de famille
Martin Roy transmet sa passion de la course à son fils Jérémy
MONTMAGNY | Quand Jérémy Roy s’est installé devant le volant de son bolide de course, papa s’est aperçu que son fils n’avait jamais appris à conduire une voiture dotée d’une boîte de vitesses manuelle.
«C’est mon erreur, a dit Martin. J’aurais dû y penser. Il ne le savait pas et il n’a pas réalisé à quoi servait le levier de sélection à sa droite.»
À 14 ans, fiston est le plus jeune pilote du plateau à disputer le volet québécois de l’American Canadian Tour (ACT).
À ses premiers tours de roue il y a quelques semaines, il a dû non seulement s’acclimater à piloter une voiture beaucoup plus puissante que celle qui lui avait été confiée l’an dernier, alors qu’il participait dans la série Revstar, mais aussi à se familiariser avec les changements de rapports de la transmission.
«Il en a arraché pendant une vingtaine de minutes, explique Martin, mais quand il a finalement compris le dispositif, tout est rentré dans l’ordre.»
Sa première épreuve, disputée le 10 juin, a comblé le paternel, quand il s’est classé 17e (sur les 20 engagés).
«Pour son baptême, il s’est bien comporté, affirme Martin. La voiture est revenue en un morceau après sa course. C’était l’important. Maintenant, il prend de l’assurance.»
La course automobile, Jérémy en mange. Depuis qu’il est tout jeune.
«J’ai toujours suivi mon père, raconte-t-il. À un moment donné, tu te mets à aimer ça. Je ne cours pas parce que lui en fait, mais plutôt parce que j’aime ça. Nous avons la même passion.
«Il m’a d’abord acheté un VVT et puis j’ai attrapé la piqûre. Je voulais toujours aller plus vite. Puis, tout a déboulé par la suite.»
UNE SÉRIE RELEVÉE
La série ACT regroupe des pilotes de renom, des maîtres de la spécialité tels Patrick Laperle, Alex Labbé, Jonathan Bouvrette, Dany Trépanier, Jean-François Déry et notamment Donald Theetge. Sans oublier un certain Claude Leclerc, le vénérable, 75 ans bien sonnés. De 61 ans son aîné.
«Je n’ai évidemment pas leur expérience, mais j’essaie de les suivre», de renchérir Jérémy qui rêve de courir un jour en Série XFinity, où son père compte 23 départs dans la deuxième division du NASCAR depuis 2013.
«Ça va dépendre de beaucoup de facteurs, explique-t-il. Et surtout de l’argent et des commanditaires.»
Quand on est jeune, on s’inspire des vedettes du stock-car. Jérémy, lui n’a qu’un nom en tête pour identifier son idole. «Mon idole, c’est mon père», répond-il. Martin ne cache pas la fierté de voir son fils suivre ses traces.
«En fait, ils sont deux, enchaîne-t-il. Félix [12 ans] suit pas tellement loin derrière. Quant à Jérémy, il écoute sagement nos conseils. Il est surtout conscient que la série est compétitive. Il a encore beaucoup à apprendre.
«On lui enseigne à ne pas se mettre de la pression. Nous ne sommes pas ici pour gagner. On veut juste, pour l’instant, qu’il ne brûle pas les étapes. Il doit avant tout apprivoiser sa voiture et ses adversaires.»
Jérémy Roy va revenir en série ACT l’an prochain et pour quelques années encore.
Mais quelques participations dans la Série NASCAR Pinty’s en 2018 sont prévues à son calendrier.
«Nous envisageons les épreuves prévues au Québec, soit Vallée-Jonction et Saint-Eustache», indique papa.
«Ce serait une bonne façon de commencer pour lui. Je crois beaucoup à la série Pinty’s et à la filière NASCAR.»
À LOUDON
Sans vouloir parler de retraite, Roy, âgé de 43 ans, prétend que la progression de ses fils en course pourrait l’inciter à accrocher son casque plus tôt que prévu.
«Oui, c’est dans ma tête, dit-il. Je pense davantage à un rôle de propriétaire que pilote. J’éprouve d’ailleurs autant de sensation et de plaisir à voir mes fils sur la piste que moi derrière un volant.
«Je veux aussi leur transmettre mon savoir. Mais, si j’ai fait mon temps dans les courses, je ne suis pas encore prêt à annoncer ma retraite. Pas encore…»
Incidemment, les amateurs québécois (et ils sont nombreux à le faire) qui se déplaceront à Loudon pour assister au week-end de NASCAR, auront la chance d’encourager Roy dans l’épreuve Xfinity, le samedi 15 juillet.
Le petit ovale du New Hampshire est à moins de cinq heures de route de Montréal.