Le Journal de Montreal

Le vent du changement soufflera-t-il ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Je vous parlais hier d’un ami d’enfance qui est parti vivre en Amérique du Sud il y a quelques années.

Chaque année, il revient passer quelques semaines au Québec.

Et chaque fois, il a l’impression de revoir le même film, de relire le même livre.

Comme si rien ne s’était passé durant son absence.

La même musique, la même histoire, le même psychodram­e. Seuls les noms des personnage­s principaux changent.

Comme un vieux groupe de musique qui a remplacé tous ses membres originaux, mais qui garde le même nom et joue le même répertoire.

PARLER EN CODE

D’abord, il y a le PQ qui se cherche.

(Excusez le pléonasme, « PQ qui se cherche », c’est comme « monter en haut », « descendre en bas » et « sortir dehors ». Ça fait tellement longtemps que le PQ se cherche qu’on a l’impression que « se chercher » est la mission première du parti.)

Comment être un parti souveraini­ste sans trop parler de souveraine­té pour ne pas effrayer la population qui veut garder le rêve de la séparation vivant sans le réaliser ? Pas facile. Ça demande du tact, de l’imaginatio­n.

Il faut avancer masqué. Marcher de côté, parler en code.

Lancer des messages brouillés qui plaisent aux purs et durs, mais qui semblent inoffensif­s à Monsieur et Madame Tout-le-Monde.

On imagine le chef du PQ, terré dans son sous-sol au petit matin, en train de parler dans un micro comme les organisate­urs du débarqueme­nt en 1944.

« Il n’y aura pas de référendum pendant le premier mandat. Je répète : il n’y aura pas de référendum pendant le premier mandat. » (Significat­ion cachée : il y en aura un en début de second mandat et on va passer l’entièreté de notre premier mandat à le préparer. Ne perdez pas espoir, restez avec nous, on s’en vient !)

« Nous sommes un parti vert. Je répète : nous sommes un parti vert. »

(Significat­ion cachée : nous demeurons un parti bleu, mais nous avons ajouté un peu de jaune soleil pour attirer les jeunes. Ne perdez pas espoir, restez avec nous, on s’en vient !)

PROCHAIN PROGRAMME

À côté du PQ qui tente depuis 22 ans de réussir le grand écart (c’est-à-dire séduire les jeunes et les immigrants sans perdre sa base « identitair­e », et chercher à convaincre les mous sans s’aliéner les durs), il y a le PLQ, toujours fidèle à lui-même.

Les deux pieds dans la merde, mais solide comme un roc grâce à la division du vote francophon­e et – oui, il faut l’avouer, Jacques Parizeau avait bel et bien raison, même s’il aurait pu le dire avec la bouche un peu moins pâteuse – l’argent et le vote ethnique.

Sans oublier la CAQ et QS, qui tentent de contourner ces deux monuments, l’un par la droite, l’autre par la gauche.

« Ça fait des années que c’est le même film qui joue », dit mon ami, qui a levé les feutres pour aller vivre en Équateur.

Le vent de changement qui a soufflé sur la France atteindra-t-il nos côtes ? ?

Nos statues qu’on croyait immuables tomberont-elles de leur socle sous la force de l’orage ?

C’est ce qu’on verra au prochain programme.

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On a l’impression que c’est le même film qui joue...
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