Les Québécois sous l’influence de la Lune
Malgré les conclusions plutôt négatives de plusieurs chercheurs qui ont scruté le phénomène, les Québécois croient toujours massivement à l’influence de la Lune dans nos vies. Le Journal déboulonne les mythes.
Au Québec, plus de 81% des infirmières sont persuadées du pouvoir de la pleine Lune sur le comportement de leurs patients, selon des recherches menées par la psychologue Geneviève Belleville de l’Université Laval.
Les médecins ne sont pas en reste. Les deux tiers qui travaillent en milieu psychiatrique pensent la même chose, d’après les conclusions de cette étude à laquelle l’Université de Montréal et l’Université du Québec à Montréal ont participé.
Malheureusement pour les adeptes des pouvoirs mystiques de la Lune, les conclusions de l’équipe de l’Université Laval ont jeté une ombre sur leurs prétentions.
«On n’a pas observé d’effets sur les troubles psychologiques», a conclu Mme Belleville.
MARÉE DANS LE CORPS ?
Pour le psychiatre Arnold Lieber de l’Université de Miami, l’explication se trouve dans l’attraction de la Lune sur les marées. Le corps humain étant composé d’eau à 80 %, tout ce liquide serait affecté par les forces gravitationnelles de la Lune. Le docteur Lieber a baptisé cet effet «marée biologique».
Mais, dans les milieux scientifiques, ces marées n’ont jamais fait de vagues.
«La force d’attraction de la Lune sur un humain est microscopique. Cette théorie est parfaitement ridicule», dit l’astronome bien connu Pierre Chastenay. Pour lui, les raisons expliquant l’attrait de cette croyance ont plus à voir avec la façon dont notre mémoire fonctionne qu’avec de pseudo influences gravitationnelles.
Il a été démontré que notre perception est un filtre et que dans nos rapports avec la réalité, nous sélectionnons les informations qui nous parlent.
«Les humains cherchent toujours des coïncidences. Ils imaginent souvent des relations de cause à effet qui n’existent pas », explique l’animateur de l’émission scientifique Le code Chastenay.
FORCE DE LA CROYANCE
Selon les psychologues, ce n’est pas tant l’influence supposée de la Lune sur nos comportements qui est en cause que la croyance au phénomène.
Quand survient la pleine Lune, les infirmières, les policiers, les gardiens de prison, tous les intervenants de première ligne se conditionnent eux-mêmes à observer plus de changements dans leur entourage.
D’autres raisons aussi expliquent pourquoi la pleine lune capte autant l’attention, ajoute Pierre Chastenay.
«À l’oeil nu, il est difficile de voir si la Lune est vraiment pleine, explique celui a travaillé 25ans au Planétarium de Montréal. On a l’impression que la pleine lune dure des jours. Ce qui augmente les chances que le phénomène tombe la fin de semaine, où il y a plus de détresse psychologique.»