Des proprios indisposés
L’organisme représentant les propriétaires immobiliers considère que la loi 492 est elle-même discriminatoire, puisqu’elle privilégie les aînés.
«C’est essentiel pour un propriétaire d’avoir le droit de reprendre un logement pour loger sa propre famille ou lui-même. En adoptant cette loi, le gouvernement a donné plus de droits aux locataires âgés qu’aux familles des propriétaires, ce qui, pour nous, n’a aucun sens», dit Hans Brouillette, directeur Affaires publiques à la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ).
«Jamais on ne recommanderait aux propriétaires d’évincer les locataires ou de contourner la loi, mais on constate que les propriétaires ne sont pas fous…» ajoute M. Brouillette.
RÊVE MENACÉ
La loi 492 provoque en effet son lot de mécontentement chez les propriétaires d’immeubles locatifs. Sophie Drolet, une enseignante de Montréal, estime que cette loi a bien failli lui coûter son plus grand rêve.
Son conjoint et elle ont acheté un duplex il y a quatre ans, en prévoyant reprendre éventuellement l’étage du haut, où vivait un couple de 71 ans. Les nouveaux propriétaires chérissaient le projet d’adopter un enfant et savaient qu’ils auraient besoin d’une chambre supplémentaire pour l’accueillir.
Mais en octobre dernier, lorsque Mme Drolet a annoncé aux locataires qu’elle leur laissait neuf mois pour déménager, ceux-ci ont immédiatement brandi la nouvelle loi, en refusant de quitter le logement qu’ils habitent depuis 28 ans.
«Je capotais, je ne pouvais pas croire que ça arrivait, mentionne Sophie Drolet. C’est comme si je voyais mon rêve s’écrouler.»
Après être passée en audience à la Régie du logement et avoir été contrainte d’engager un avocat, Mme Drolet a finalement appris que ses locataires gagnaient plus de 28 000 $ par an: la loi 492 ne s’applique donc pas à eux.
«Ça s’est bien terminé, mais en tout et pour tout, cette histoire nous a coûté à peu près 8000 $», note Sophie Drolet.