Le poids des sociétés d’État
Il y a quelques jours, on apprenait que sur 46 sociétés d’État au Québec, seulement 23 obtiennent la note de passage en matière de gouvernance (compétences des administrateurs, transparence, reddition de compte, etc.) La moitié coule le test!
L’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques, qui a fait l’étude, soulignait entre autres que 10 sociétés sur les 46 n’ont pas d’indicateur de performance ou de cible pour les évaluer, ou ne publient pas leur plan stratégique. Aussi, que la rémunération des hauts dirigeants devrait être beaucoup plus transparente.
On parle quand même ici de sociétés d’État qui, dans l’ensemble, emploient 65 000 personnes dans la province et qui ont reçu, l’an dernier, des subventions totalisant plus de 4,3 milliards $ par l’État.
Y EN A-T-IL TROP ?
Rassurons-nous: les «grosses» sociétés comme la Caisse de dépôt et la SAQ font figure d’élève modèle, tandis qu’Hydro-Québec obtient un score respectable de 71 %. Ce sont plutôt des sociétés comme l’École nationale de police, la Commission de la capitale nationale ou l’organisme Urgences santé qui font figure de cancres.
Mais d’autres questions méritent réflexion: y a-t-il trop de sociétés d’État? Quel est le poids dans notre économie de ces sociétés, et comment se compare-t-on avec les autres provinces?
Dans une étude publiée en 2013 par la School of Public Policy de l’université de Calgary, on apprenait que la contribution au PIB provincial des sociétés d’État au Québec était de 5,2 %. Cela peut sembler minime, mais c’est beaucoup plus qu’en Ontario (1,9 %) ou qu’en Alberta (1,4 %). La province où le poids des sociétés d’État dans l’économie se rapproche le plus du Québec est L’Île-du-Prince-Édouard avec 4,1 %. La moyenne des provinces est de 2,7 %.
CONSOMMATEURS LÉSÉS
Il faut dire qu’ici, la seule présence d’Hydro-Québec, de la SAQ et de la Caisse de dépôt, avec plusieurs milliards de revenus combinés, pèse beaucoup.
C’est quand même 5,2 % de notre activité économique qui est peu ou pas soumise à la concurrence, et qui fait en sorte que le contribuable et le consommateur n’en ont pas nécessairement pour leur argent.
Même si Hydro ou la SAQ font bonne figure dans les critères de gouvernance, plusieurs autres études ont montré que ces deux sociétés pourraient grandement améliorer leur efficacité, et en donner plus pour leur argent aux Québécois et Québécoises.
Et si on inclut les sociétés d’État fédérales présentes dans l’économie québécoise, comme Radio-Canada ou Postes Canada, le poids des sociétés d’État dans notre économie augmente encore plus… Tout comme les occasions pour les contribuables d’économiser, en exigeant de ces sociétés plus d’efficacité, ou mieux, qu’elles se frottent à la concurrence!