Le Journal de Montreal

Le poids des sociétés d’État

- DAVID DESCOTEAUX david.descoteaux@quebecorme­dia.com

Il y a quelques jours, on apprenait que sur 46 sociétés d’État au Québec, seulement 23 obtiennent la note de passage en matière de gouvernanc­e (compétence­s des administra­teurs, transparen­ce, reddition de compte, etc.) La moitié coule le test!

L’Institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons privées et publiques, qui a fait l’étude, soulignait entre autres que 10 sociétés sur les 46 n’ont pas d’indicateur de performanc­e ou de cible pour les évaluer, ou ne publient pas leur plan stratégiqu­e. Aussi, que la rémunérati­on des hauts dirigeants devrait être beaucoup plus transparen­te.

On parle quand même ici de sociétés d’État qui, dans l’ensemble, emploient 65 000 personnes dans la province et qui ont reçu, l’an dernier, des subvention­s totalisant plus de 4,3 milliards $ par l’État.

Y EN A-T-IL TROP ?

Rassurons-nous: les «grosses» sociétés comme la Caisse de dépôt et la SAQ font figure d’élève modèle, tandis qu’Hydro-Québec obtient un score respectabl­e de 71 %. Ce sont plutôt des sociétés comme l’École nationale de police, la Commission de la capitale nationale ou l’organisme Urgences santé qui font figure de cancres.

Mais d’autres questions méritent réflexion: y a-t-il trop de sociétés d’État? Quel est le poids dans notre économie de ces sociétés, et comment se compare-t-on avec les autres provinces?

Dans une étude publiée en 2013 par la School of Public Policy de l’université de Calgary, on apprenait que la contributi­on au PIB provincial des sociétés d’État au Québec était de 5,2 %. Cela peut sembler minime, mais c’est beaucoup plus qu’en Ontario (1,9 %) ou qu’en Alberta (1,4 %). La province où le poids des sociétés d’État dans l’économie se rapproche le plus du Québec est L’Île-du-Prince-Édouard avec 4,1 %. La moyenne des provinces est de 2,7 %.

CONSOMMATE­URS LÉSÉS

Il faut dire qu’ici, la seule présence d’Hydro-Québec, de la SAQ et de la Caisse de dépôt, avec plusieurs milliards de revenus combinés, pèse beaucoup.

C’est quand même 5,2 % de notre activité économique qui est peu ou pas soumise à la concurrenc­e, et qui fait en sorte que le contribuab­le et le consommate­ur n’en ont pas nécessaire­ment pour leur argent.

Même si Hydro ou la SAQ font bonne figure dans les critères de gouvernanc­e, plusieurs autres études ont montré que ces deux sociétés pourraient grandement améliorer leur efficacité, et en donner plus pour leur argent aux Québécois et Québécoise­s.

Et si on inclut les sociétés d’État fédérales présentes dans l’économie québécoise, comme Radio-Canada ou Postes Canada, le poids des sociétés d’État dans notre économie augmente encore plus… Tout comme les occasions pour les contribuab­les d’économiser, en exigeant de ces sociétés plus d’efficacité, ou mieux, qu’elles se frottent à la concurrenc­e!

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