Les producteurs de fraises menacés
QUÉBEC | L’augmentation du salaire minimum à 15 $ l’heure représenterait des coûts supplémentaires de 40 M$ pour les producteurs de fraises du Québec, qui se disent incapables de rester rentables dans ces conditions.
L’impact serait majeur et les producteurs en feront la démonstration lors du dévoilement d’une étude regroupant l’ensemble des secteurs agroalimentaires à la fin du mois.
«Les conséquences, on les connaît déjà. Il n’y aura plus d’industrie de la fraise au Québec», a déclaré Louis Gosselin, président de la Chambre de coordination et de développement des producteurs de fraises et de framboises du Québec.
40 % D’AUGMENTATION
Avec une main-d’oeuvre qui représente 55 % des coûts de production, les producteurs se sentent pris à la gorge.
Par rapport au taux horaire de 10,75 $, qui prévalait avant le 1er mai 2017, la hausse du salaire minimum à 15 $ représenterait une augmentation de salaire de 40 %, estime David Lemire, le président de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec(APFFQ). Bon an mal an, la masse salariale de ces producteurs atteint 100 M$.
«Notre concurrent, c’est la Californie. Le consommateur québécois ne veut pas payer trois fois le prix. Il y a une limite et on l’a atteinte. Le marché de la fraise, c’est un marché d’offre et de demande. Chaque fois qu’on monte le prix, on en vend moins, alors que les champs continuent à produire. Quand il y a des surplus, les prix s’écroulent parce que c’est un produit qui ne s’entrepose pas. On n’est pas sous gestion de l’offre», a dit M. Gosselin.
Le gouvernement du Québec promet que l’augmentation du salaire minimum se fera à coût nul pour les producteurs, qui restent malgré tout perplexes.
GUATEMALA
«On a rencontré les libéraux. Leur crainte, c’est de s’assurer qu’il n’y ait pas moins d’agriculture. Ils ont semblé ouverts à un crédit d’impôt pour éviter qu’un producteur en fasse moins pour ne pas augmenter sa masse salariale», a poursuivi le président de l’APFFQ.
L’augmentation du salaire minimum à 15 $ n’aiderait pas les bonnes personnes, ajoute ce dernier. Selon lui, une bonne partie des travailleurs sont des étrangers qui, normalement, gagnent 8 $ par jour au Guatemala.
«Ici, ils sont super heureux de gagner 10,75 $ l’heure. Ils font vivre leur famille là-bas. Tout va super bien et on va demander aux producteurs de payer 40 M$ de plus pour les travailleurs étrangers quand une mère monoparentale, responsable de deux enfants, gagne ici 13 $ ou 14 $ l’heure, ça n’a aucun bon sens. Ce n’est vraiment pas assez», a-t-il ajouté.
Le gouvernement souhaite que le salaire minimum atteigne 50 % du salaire moyen d’ici 2020, pour s’établir à 12,45 $.