La mauvaise blague de Johnny Depp
Alors comme ça, Johnny Depp trouve ça drôle de faire des blagues sur la mort du président des ÉtatsUnis? Lors du festival de musique de Glastonbury, en Angleterre, en parlant du président Trump, il a demandé: «C’est quand la dernière fois qu’un acteur a assassiné un président? (...) Ça fait longtemps et peut-être qu’il est temps.» Une référence à l’assassinat d’Abraham Lincoln par John Wilkes Booth en 1865.
Après la chanteuse Madonna (qui rêvait de faire sauter la Maison-Blanche) et l’humoriste Kathy Griffin (qui a posé en photo avec une fausse tête de Donald Trump ensanglantée), voilà un autre artiste qui trouve ça normal de banaliser la violence contre son président. Pourquoi la gauche pense-t-elle qu’elle a tous les droits? Eux, ils ont le droit d’imaginer la mort du président parce que c’est un vilain crétin de droite?
NOT MY PRESIDENT ? VRAIMENT ?
Comment se fait-il que les artistes américains, qui sont si prompts à donner des leçons de démocratie à tout le monde, aient si peu de respect pour l’élection démocratique du président Trump?
Si les artistes se croient autorisés à évoquer la mort du président, c’est qu’ils considèrent que Trump est un méchant dictateur. Pourtant ces mêmes artistes auraient été outrés qu’un commentateur de droite ait évoqué la mort de Fidel Castro à Cuba ou de Hugo Chavez au Venezuela. «Ah oui, mais ce n’est pas la même chose, c’étaient des leaders d’extrême gauche. Ça excuse tout...»
C’est quand même fou. Les artistes bien pensants sont toujours en train de prêcher la tolérance, de dénoncer l’intimidation, de chanter Imagine en se tenant la main quand la planète est à feu et à sang. Ils disent toujours qu’il faut répondre à la haine par l’amour et répondre à la guerre par une chanson. All you need is love... sauf avec leurs ennemis idéologiques. Ceux-là, ils peuvent crever la bouche ouverte.
Ce «deux poids, deux mesures» me donne la nausée. D’un côté une complaisance gnangnan envers les pires régimes de gauche et de l’autre une haine viscérale d’un individu élu par des millions de citoyens.
TU M’AIMES-TU ?
La mauvaise blague de Johnny Depp me rappelle qu’ici aussi les artistes se permettent d’évoquer des actes de violence envers des figures politiques qu’ils n’aiment pas, comme Stephen Harper ou Jean Charest pendant la période des carrés rouges. Je me souviens, lors d’un spectacle à Québec, avoir entendu Richard Desjardins évoquer la possibilité que Stephen Harper fasse un petit voyage en décapotable qui se serait mal terminé. Un clin d’oeil subtil à l’assassinat de John F. Kennedy dans une décapotable à Dallas.
Mais bon, venant du grand poète qui parle d’«abattoirs à millionnaires» dans une de ses chansons, ça n’avait rien pour m’étonner.
J’M’EXCUSE
Vendredi, Johnny Depp s’est excusé pour ses propos déplacés. «C’était juste pour faire rire, sans vouloir blesser qui que ce soit.»
Imaginez si une figure de proue de la droite (un commentateur de Fox News comme Tucker Carlson...) avait fait des blagues sur la mort du candidat démocrate Bernie Sanders, posé avec une photo de Hilary Clinton décapitée ou révélé qu’il rêvait de faire sauter la voiture de Barack Obama... Il se serait fait traiter de fasciste... et de raciste... et de misogyne.
Pensez-vous que Johnny Depp aurait trouvé que c’était «juste pour faire rire»?