Le Journal de Montreal

Les fermiers ignoraient tout du retour de sols toxiques

Les voisins de l’ex-Fonderie St-Germain s’inquiètent de l’état du terrain fédéral

- HUGO JONCAS

Les agriculteu­rs voisins du terrain fédéral contaminé près de Drummondvi­lle ont appris par notre Bureau d’enquete que des milliers de tonnes de sols toxiques étaient revenus près de leurs terres, cinq mois après avoir été envoyés dans un centre incapable de les nettoyer.

La terre à soya de Daniel Leclerc est voisine immédiate de l’ancienne Fonderie St-Germain, un site lourdement contaminé aux dioxines et furanes, des résidus toxiques très persistant­s dans l’environnem­ent.

L’agriculteu­r était surpris d’apprendre qu’après avoir envoyé 8900 tonnes de terre contaminée à Contrecoeu­r, ces sols pollués sont revenus en place à Saint-Edmond-deGrantham, après un aller-retour de 150 km.

« Pour moi, ils veulent rester discrets là-dessus, dit-il. C’est vraiment brasser pour brasser… Il me semble qu’ils ont taponné longtemps là-dedans ! »

Propriétai­re d’une ferme de poules pondeuses de l’autre côté du site fédéral, Ghislain Houle aussi croyait le village agricole débarrassé de cette terre toxique. Il utilise l’eau souterrain­e pour abreuver ses poules. Heureuseme­nt, les tests que doivent réaliser les deux agriculteu­rs ne démontrent cependant aucune contaminat­ion dans leurs production­s respective­s.

N’empêche, Ottawa devrait montrer l’exemple, selon Ghislain Houle.

« Nous, on a des critères environnem­entaux très stricts. Ça devrait être la même chose pour eux, dit-il. Ils ont hérité d’une patate chaude, mais aujourd’hui, ils doivent prendre leurs responsabi­lités. »

INTERDIT DE CULTURE

Les responsabl­es du terrain contaminé ont pourtant déjà été moins discrets dans le passé quant aux risques liés à l’agricultur­e près de ce gâchis environnem­ental.

Pendant quelques années, Daniel Leclerc a loué et exploité la partie avant du site, où la Fonderie St-Germain n’avait pas d’activité, en principe. Mais quand l’entreprise a fait faillite en 2007, le syndic lui a demandé ce qu’il y faisait pousser.

« Je leur ai répondu que je cultivais du foin pour mes vaches, raconte-t-il. Là, ils m’ont dit que c’était bien dangereux… Ils ne voulaient plus. »

Le cabinet du ministre de l’Agricultur­e, Laurent Lessard, dit prendre le dossier « très au sérieux ».

« Nous souhaitons un règlement rapide de ce dossier et c’est pourquoi nous sommes en lien avec le fédéral et le ministère de l’Environnem­ent afin de nous assurer de la qualité des eaux souterrain­es et des sols environnan­ts, et ce, pour que la vocation agricole des terres contiguës ne soit pas menacée par la contaminat­ion du terrain fédéral », dit l’attaché de presse du ministre, Mathieu Gaudreault.

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PHOTO HUGO JONCAS Les résidus toxiques du terrain à côté ont pollué le fossé d’irrigation de la terre de Daniel Leclerc, qui ne peut donc plus s’en servir.

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