Au royaume enchanté
Allez, pour célébrer la fête du Canada, on se donne tous un gros câlin !
Partout, au boulot, sur le coin des rues, dans les bars, sur les pistes cyclables, au supermarché, sur le bord des lacs et des piscines : tournez-vous vers votre voisin, prenez-le dans vos bras et donnez-lui un gros câlin, comme si vous aviez six ans et qu’il était votre toutou préféré.
Un panda avec une oreille déchirée, un koala avec juste un oeil, un ourson avec une grosse bedaine remplie de son.
Nous vivons dans le Canada de Justin, et dans le Canada de Justin, tout le monde s’aime, tout le monde s’embrasse, tout le monde s’étreint.
JUSTIN IN THE SKY WITH DIAMONDS
Ça prend de la patience, pour entrer au Canada, mais l’attente en vaut la peine.
Une fois les tourniquets passés, on vous assoit dans un petit bateau en forme de cygne. Puis vous voguez doucement vers un long tunnel rose.
De l’autre côté de ce tunnel, un monde merveilleux vous attend, un monde que vous n’avez jamais osé imaginer, même dans vos trips d’acide les plus fous, un monde qui fait passer l’usine de chocolat de Willy Wonka pour une geôle turque et
Lucy in the Sky with Diamonds pour une chanson réaliste d’Édith Piaf : le monde enchanté de Justin !
Des petites poupées provenant des quatre coins du monde tournent sur elles-mêmes en chantant, des arcs-enciel fluorescents illuminent le plafond de mille feux, des créatures féeriques volent au-dessus de vos têtes, des cascades multicolores se déversent dans des bassins remplis de nénuphars mauves et jaunes, des juifs et des musulmans s’embrassent… Bref, c’est le paradis. Oh, certes, si vous vous aventurez dans les coulisses de ce manège, le paysage n’est pas aussi joli, la dette a creusé d’immenses trous dans le plancher, le déficit fuit de toutes parts, le poison du communautarisme rend l’air quasiment irrespirable, les rouages grincent et les mécanismes craquent, mais, bon, l’important, c’est l’image, non ?
LE WALT DISNEY DE LA POLITIQUE
Et rayon image, rendons à César ce qui lui appartient : Justin est un génie, rien de moins.
Comme Walt Disney, qui transformait des contes sombres et inquiétants en dessins animés inoffensifs, Trudeau junior a pris le multiculturalisme de son père (une arme idéologique qui avait été créée pour dissoudre le mouvement séparatiste québécois dans le grand bain des droits individuels) et l’a vidé de tout ce qui pouvait sembler lourd, négatif, arrogant.
Résultat : la potion surette et acidulée de Trudeau père goûte maintenant le Kool-Aid aux fraises.
Et qui n’aime pas le Kool-Aid aux fraises ?
Pierre Elliott était fendant. Justin, lui, est craquant.
Il a remplacé les idées polémiques de son père par de bons sentiments.
Qui a besoin d’un intellectuel qui divise quand on peut avoir un gourou qui rassemble ?
Sous la férule habile de Justin, le multiculturalisme conçu spécifiquement pour affaiblir le Québec est maintenant célébré dans la Belle Province.
Le homard saute de lui-même dans la marmite d’eau bouillante !
Avouez-le : ça prend un sacré talent pour réussir un tel coup !
CHEERS !
Alors, célébrons, chers amis ! Remplissons nos verres de KoolAid, et embrassons-nous, étreignons-nous !
We are beautiful people !
C’est la fête du Canada, donnez-moi un câlin !