Le Journal de Montreal

L’envol du huard

- michel.girard@quebecorme­dia.com MICHEL GIRARD

Avec les marchés financiers, on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Et la dernière en lice c’est la surprenant­e vigueur du dollar canadien.

C’est au début du mois de mai dernier que le huard avait atteint son plus faible niveau des 12 derniers mois, soit 72,5 cents US. Hier, il se négociait au-dessus des 77 cents US. C’est donc dire que le dollar canadien s’est apprécié de 6 % en l’espace de deux mois. C’est énorme !

En termes de débours (sans les frais de change), il faut aujourd’hui verser 1,30 $ canadien pour acquérir un dollar américain, comparativ­ement à 1,38 $ le 5 mai dernier.

Ainsi, nous économison­s 8 cents par dollar américain, soit 80 dollars par tranche 1000 $ US. C’est évidemment une bonne nouvelle pour les Québécois et autres Canadiens qui projettent d’aller en vacances cet été aux États-Unis. Même chose également pour l’importatio­n de produits américains…

QUE FAIRE ?

La « question » du taux de change : faut-il s’empresser d’échanger immédiatem­ent ses dollars canadiens en dollars américains ou est-ce mieux d’attendre la veille de son départ dans l’espoir de bénéficier d’une appréciati­on encore plus importante de notre devise ?

De plus en plus d’économiste­s s’attendent à ce que notre dollar grimpe jusqu’à hauteur des 80 cents US. Quand ? On ne sait pas exactement à quel moment, mais cela devrait se produire au cours des 12 prochains mois… À la condition évidemment que les facteurs susceptibl­es de pousser le billet vert à la hausse se matérialis­ent.

FACTEURS HAUSSIERS

Quels sont ces facteurs ? L’économie canadienne devra poursuivre sa croissance.

Le prix du baril de pétrole devra se raffermir. Il devrait en être de même pour le prix des autres matières premières. La Banque du Canada devra hausser prochainem­ent son taux directeur afin de réduire son écart avec celui de la Réserve fédérale américaine. Alors que le taux directeur de la Banque du Canada végète à 0,5 %, la Réserve fédérale a eu le temps de hausser le sien à trois reprises en l’espace d’à peine six mois. Il s’élève actuelleme­nt à 1,0 %. Les économiste­s s’attendent à deux autres hausses cette année et deux autres l’an prochain. Mais encore faudra-t-il que l’économie américaine continue d’accélérer sa croissance.

De plus en plus d’économiste­s s’attendent à ce que notre dollar grimpe jusqu’à hauteur des 80 cents US

ON VERRA…

Le protection­nisme à la Donald Trump n’est pas automatiqu­ement un gage de croissance économique soutenue. Plus il imposera des barrières tarifaires aux importatio­ns, plus les « partenaire­s commerciau­x », comme le Canada, la Chine, le Mexique seront eux aussi tentés d’imposer des barrières similaires sur les marchandis­es importées des États-Unis. Dernière remarque : alors que le dollar canadien grimpait de 6 % depuis le 5 mai dernier, la Bourse de Toronto reculait de 3 %. Et je vous rappelle que l’indice S&P/TSX accuse présenteme­nt une baisse 1 % par rapport à la clôture de 2016. Avec zéro rendement en six mois, les vacances estivales des petits investisse­urs risquent d’être brèves !

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