Le Journal de Montreal

Des dépistages longs et incertains

Le corps médical conseille de respecter un délai d’attente de deux à six mois avant de concevoir un enfant

- KATHRYNE LAMONTAGNE kathryne.lamontagne @quebecorme­dia.com

QUÉBEC | Les couples souhaitant concevoir un enfant au retour d’un voyage dans un pays touché par le Zika ne devraient pas trop s’enthousias­mer devant les tests de dépistage du virus, les résultats étant longs et limités, a constaté Le Journal.

« L’approche la plus prudente pour protéger une grossesse que l’on planifie, c’est l’attente », tranche sans hésiter le Dr Guillaume Poliquin, conseiller médical pour l’Agence de la santé publique du Canada et spécialist­e en maladies infectieus­es.

Malgré l’existence de tests de dépistage, il demeure difficile pour les voyageurs de retour d’une zone à risque d’échapper aux mois d’attente prescrits.

Ces tests sanguins, analysés à Winnipeg, s’adressent aux femmes enceintes et aux personnes qui présentent des symptômes du Zika. Or, dans 80 % des cas, les gens atteints sont asymptomat­iques.

DIFFICILE SANS SYMPTÔME

Le Dr Poliquin est bien au courant de cette réalité. Mais s’il n’y a pas de symptômes, dit-il, « les chances d’avoir un test utile sont réduites ».

« C’est difficile de cerner quand est-ce que la personne a été à risque, si elle a été à risque », précise-t-il. Dans ce cas, seule l’attente est de mise.

Les personnes qui présentent des « symptômes aigus » du Zika peuvent quant à elles se soumettre à un premier test. Ce dernier est efficace s’il est effectué dans les 14 jours suivant l’apparition des signes. Si le résultat est positif, le voyageur a été infecté. S’il est négatif ?

« C’est incertain » puisque le virus peut demeurer plus ou moins longtemps dans le sang selon les individus, nuance le médecin.

SECOND TEST

Un second test doit ainsi être effectué chez les voyageurs qui obtiennent un résultat négatif au premier test. Cet outil est aussi utilisé pour les femmes enceintes si elles ne ressentent pas les signes de la maladie.

Mais le processus est long: les prélèvemen­ts doivent être effectués quatre semaines après le retour de voyage, et l’analyse prend huit semaines.

Dans le cas de ce second test, un résultat négatif signifie que le Zika n’a pas contaminé l’organisme dans les trois mois précédant la prise de sang.

Un résultat positif nécessiter­a quant à lui une autre étape de dépistage pour s’assurer qu’il s’agit bien du Zika et non un autre virus tel que la dengue ou la fièvre jaune, illustre le Dr Poliquin.

L’attente demeure donc le meilleur outil, réitère l’expert. Le Zika pouvant notamment causer une microcépha­lie chez le foetus lors d’une grossesse, les hommes doivent attendre six mois avant de faire un bébé. Le délai est de deux mois pour les femmes. Le port du condom est conseillé durant ces périodes, le virus pouvant être transmis sexuelleme­nt.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? Le Dr Gary Kobinger dirige le centre de recherche en infectiolo­gie du CHU de Québec, dont l’équipe cherche à mettre au point le premier vaccin contre le virus Zika. Pour l’instant, les tests de dépistage de la maladie s’avèrent longs et incertains.
PHOTO D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Le Dr Gary Kobinger dirige le centre de recherche en infectiolo­gie du CHU de Québec, dont l’équipe cherche à mettre au point le premier vaccin contre le virus Zika. Pour l’instant, les tests de dépistage de la maladie s’avèrent longs et incertains.
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