Premier polar pour Bertrand Tétreault
Amants indiscrets, vous êtes peut-être sous haute surveillance ! Pour son premier polar, le journaliste vétéran de la scène judiciaire Bernard Tétrault explore l’univers croustillant des détectives privés.
Livré sous forme de confidences, Johnny Aspiro raconte les enquêtes d’un boxeur de seconde zone recyclé en détective privé. Sa spécialité : les triangles amoureux. Muni de sa caméra, le colosse prend en filature les époux volages qui étendent les heures de bureau dans un motel de banlieue en compagnie de leur secrétaire particulière. Il a pour mentor le mystérieux Gaby Durand, également ancien pugiliste, qui lui enseigne toutes les ficelles du métier. Mais ce dernier a des fréquentations dans le monde interlope et Aspiro se verra bientôt confronté à des missions chaque fois plus dangereuses où défileront truands, prostituées et policiers.
RACONTER L’ENVERS DE LA MÉDAILLE
Une telle histoire trottait dans la tête de Bernard Tétrault depuis les années 1960. « J’étais dans un bar en compagnie de mon ami, le photographe aux faits divers Toto Gingras. Il m’a désigné un taupin assis à la table d’à côté, entouré de mafiosos. Il m’a raconté que le type était passé à un cheveu de devenir champion du monde à la boxe et que maintenant, il gagnait sa croûte comme détective privé. C’était à l’époque où, pour obtenir le divorce, il fallait prouver devant un juge l’infidélité de son partenaire. J’ignore pourquoi, mais l’anecdote m’a marqué au point de m’en servir comme point de départ du roman. »
Tout au long de l’intrigue, l’auteur prend un malin plaisir à transporter le lecteur dans l’atmosphère sordide du Montréal qu’il a connu d’abord dans sa carrière de journaliste aux affaires judiciaires, puis pendant 20 ans en tant que rédacteur en chef du défunt tabloïd Allô Police. « Mon expérience sur le terrain a beaucoup nourri mon écriture, explique-t-il. Des criminels, des enquêteurs, des détectives, des avocats, j’en ai connu en masse! L’univers du judiciaire me fascine. Au-delà de la simple anecdote, elle est révélatrice de la nature humaine. Au final, la problématique des triangles amoureux qui fait le pain et le beurre du héros touche toutes les classes sociales. Peu importe leur statut, ils sont égaux devant le drame. »
ACCÈS PRIVILÉGIÉ
Campé dans un passé pas si lointain, Johnny Aspiro décrit sans détour une époque où détectives privés et journalistes avaient un accès privilégié aux enquêteurs de police, bien avant l’ère des relationnistes et de l’internet. « Quand je travaillais sur le terrain, les enquêteurs nous appelaient quand il y avait de l’action, nous pouvions entrer sur les scènes de crime et nous avions des connaissances des deux côtés de la loi, se souvient-il. Sans le savoir, on baignait dans un environnement extrêmement riche en histoires. »