Le Journal de Montreal

BOMBARDIER CACHE UN MOTEUR USAGÉ DANS UN AVION NEUF

Ils croyaient avoir acheté un avion neuf alors qu’un des moteurs était usagé

- PHILIPPE ORFALI

Bombardier vient d’être condamné à verser 8,1 millions $ US pour avoir vendu un avion prétendume­nt neuf à deux riches hommes d’affaires américains. Dans les faits, l’un des moteurs de l’appareil présentait des dommages « importants » et avait été posé sur deux autres avions auparavant.

Le propriétai­re des Astros de Houston, James R. Crane, et l’investisse­ur Neil Kelley pensaient acheter un avion flambant neuf lorsqu’ils ont déboursé, en 2010, 20 M$ US pour un Challenger 300 de Bombardier. À cela s’ajoutaient des frais mensuels de 70 000 $ pour l’entretien et l’embauche de pilotes.

Mais sous le capot se cachait un grave secret : l’un des moteurs de l’aéronef était usagé. Pire, il était considéré comme un « citron » par son fabricant, Honeywell.

Il ne s’agissait pas là d’un accident ou d’une erreur. Bombardier et sa division Flexjet étaient bien au fait du passé trouble de cette pièce d’équipement, a conclu un tribunal texan.

Le moteur avait subi des « dommages substantie­ls » lors de son transport, en 2008. Ce n’est que deux ans et demi plus tard, après avoir été placé sur deux différents avions et avoir connu une série de problèmes, qu’il a été posé sur le bolide de MM. Crane et Kenney.

L’AVIONNEUR SAVAIT

Le procès de première instance a démontré que divers employés de Bombardier savaient qu’il s’agissait d’un moteur qui, bien que fonctionne­l, avait connu son lot de problèmes.

Pourtant, un haut dirigeant de Bombardier « a indiqué à une subordonné­e que Crane et Kelley n’avaient pas besoin de connaître l’historique du moteur et que cela ne la concernait pas ».

La Cour d’appel n’a pas cru Bombardier et a réitéré la décision du tribunal concernant les dommages de 8,1 M$.

« SANS FONDEMENT »

Joint par Le Journal, Bombardier n’a pas souhaité accorder d’entrevue. Dans un courriel, une porte-parole a soutenu que cette « réclamatio­n à son endroit est sans fondement ». « Nous n’émettrons aucun autre commentair­e avant d’avoir effectué une révision du jugement », a affirmé Anna Cristofaro. « Bombardier est une multinatio­nale dont les opérations sont soumises à un strict code de conduite. Nous gérons l’entreprise avec intégrité, de manière éthique et conforméme­nt aux lois en vigueur. »

Ce n’est pas la première fois que le fleuron québécois a des démêlés avec la justice. L’entreprise fait aussi l’objet d’une enquête de la Banque mondiale au sujet d’« allégation­s d’activités douteuses » concernant un contrat en Azerbaïdja­n. D’ex-dirigeants de Bombardier en Suède sont accusés de corruption dans cette affaire.

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Deux hommes d’affaires américains avaient acheté un avion neuf Challenger 300 de Bombardier au coût de 20 M$.

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