Le Journal de Montreal

Manoeuvre frauduleus­e pour un ex-aspirant maire

Cette « erreur » pourrait lui faire perdre son droit de vote

- ANNABELLE BLAIS

Un ex-candidat à la mairie de Sherbrooke qui faisait campagne dans un costume moulant vert fluo risque de perdre son droit de vote et écope d’une amende salée pour contributi­ons illégales. Il pourrait ne pas payer, car il se dit sans le sou.

Hubert Richard s’était fait remarquer par l’émission Infoman, lors de la campagne municipale de 2013, par ses tenues colorées et ses vidéos filmées dans le dépanneur qu’il possédait et qui servait de quartier général à son parti, Comme une eau Terre.

M. Richard souhaite être candidat au poste de conseiller municipal cet automne, mais il est maintenant rattrapé par une « erreur » commise au cours de cette dernière campagne.

Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) lui a remis un constat d’infraction pour une manoeuvre « électorale frauduleus­e » pour des dons politiques illégaux à son parti.

LOURDES CONSÉQUENC­ES

Les conséquenc­es pourraient être sérieuses. La loi prévoit une amende minimale de 5000 $, ce qui représente une somme importante pour cet homme, qui a depuis fermé son dépanneur et qui vit maintenant de l’aide sociale.

Il risque aussi de perdre son droit de vote et celui de se porter candidat à une élection pour une période de cinq ans.

« C’est quoi le principe démocratiq­ue ?! » s’insurge celui qui a été candidat tant aux élections fédérales qu’aux élections provincial­es, municipale­s et scolaires depuis 1998. M. Richard plaide l’erreur de bonne foi. « J’avais fait des contributi­ons en début d’année, que j’avais oubliées », ajoute-t-il tout en précisant avoir dépassé d’une centaine de dollars le montant maximal permis de 1000 $.

« Je devais diriger la campagne, aider l’agente officielle, je devais aussi me débrouille­r avec mon dépanneur, ça m’a laissé trop de responsabi­lités. J’ai appris depuis », reconnaît-il.

DUR APPRENTISS­AGE

Il dit avoir déclaré cette erreur au DGEQ, qui a demandé au parti de rembourser la somme. Entre-temps, Comme une eau Terre s’est fait retirer son autorisati­on de parti politique, car il ne comptait plus assez de membres.

« Ils [le DGEQ] ont fermé le parti, on ne pouvait plus ramasser des contributi­ons pour rembourser, se justifie le Sherbrooko­is. Il y avait aussi d’autres contributi­ons non conformes, dont un qui avait donné 100 $ en cash et plein de petites choses... »

Au sujet de son équipe, il ajoute : « Outre les têtes pensantes environnem­entalistes, on avait réussi à mobiliser, avec le dépanneur, les BS, les petits travailleu­rs qui n’avaient aucune expérience ».

M. Richard a plaidé non coupable. Il reviendra à la Cour du Québec de trancher sur la question.

Ce père de famille dit utiliser son costume et l’humour pour se rapprocher des citoyens.

« Une de mes grandes conviction­s, outre l’environnem­ent, est qu’on se prend trop au sérieux. Les élus ont tellement peur d’être ridicules qu’ils sont prêts à n’importe quel mensonge. »

Il s’est aussi rendu devant la Commission des droits de la personne pour défendre son droit d’assister aux séances du conseil municipal dans sa combinaiso­n fluo, mais la plainte a été jugée frivole.

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PHOTO D’ARCHIVES En plus de se présenter aux élections municipale­s de Sherbrooke, Hubert Richard a également été candidat pour le parti Rhinocéros lors des élections fédérales de 2015.

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