Trump, une fièvre nécessaire ?
À l’occasion du 4 juillet, quelques réflexions éparses (qui n’engagent que moi) sur le pays le plus contradictoire et le plus fascinant de la planète, à l’intention de ceux qui se demandent comment un empire qui a été fondé par des intellectuels aussi brillants que John Adams, Benjamin Franklin et Thomas Jefferson ait pu confier sa destinée à un homme aussi peu lumineux que Donald J. Trump.
La plupart des gens froncent des sourcils lorsqu’on leur dit que Trump représente l’anti-establishment pour de nombreux Américains.
Comment un multimilliardaire qui fait partie de l’élite financière peut-il être perçu de la sorte ?
Effectivement, c’est bizarre, mais il faut savoir qu’à l’extérieur de certains cercles intellectuels de la côte Est et de la côte Ouest, le concept de « classes » est totalement étranger aux Américains (contrairement aux Britanniques ou aux Français).
UN GARS BIEN ORDINAIRE
Pour plusieurs travailleurs américains, Donald Trump est juste un gars bien ordinaire qui a réussi à devenir riche en travaillant très fort et en étant rusé, ambitieux et astucieux.
Malgré la crise de 2008, le concept de mobilité sociale (le fameux rêve américain — « From rags to riches ») a encore la vie dure aux USA.
Et pourquoi pas ? L’histoire de ce pays est jalonnée de success stories hallucinantes mettant en vedette des entrepreneurs gonzillionnaires qui ont créé des multinationales dans leur garage, d’immigrants partis de rien et parvenus au sommet et de rappeurs superstars nés dans le ghetto.
Quand on dit que Trump représente l’anti-establishment, on parle d’establishment médiatique et politique — ce qui, avouons-le, est tout à fait vrai.
MONTER LA TEMPÉRATURE
La fièvre, disent les médecins, ne représente pas nécessairement un danger. En fait, ça prouve que le corps est en santé. La hausse de température est une arme que l’organisme humain utilise pour lutter contre les microbes et l’infection. De même, on pourrait dire que Trump incarne une sorte de « fièvre politique ». De nombreux Américains en avaient ras le bol d’une certaine façon de faire. Alors ils ont décidé de hausser la température du corps politique de leur pays à un degré inédit, histoire de détruire certains microbes qui, à leurs yeux, affaiblissaient le système.
Qui sait ? Après quatre ans passés à haute température, les électeurs américains trouveront peut-être que le temps est venu d’abaisser le thermostat et de passer le flambeau à un leader plus « cool ».
Trump, donc, n’aurait été qu’une parenthèse, une étape, une sorte de « choc thermal » passager et nécessaire.
Une façon de dire aux démocrates et aux républicains : « Faites le ménage dans vos rangs, sinon, on vous chauffe de nouveau les fesses… »
MONSIEUR « FAKE NEWS »
Depuis que Trump est au pouvoir, on ne cesse de parler de « fake news », comme si le 45e président avait inventé le concept.
Euh… Lorsque les intellectuels nous vantaient les mérites de l’URSS et de la Chine de Mao, ce n’était pas de fausses nouvelles ?
Lorsque les États-Unis et l’Angleterre sont intervenus en Irak pour détruire des « armes de destruction massive », ce n’était pas une fausse nouvelle ?
Le concept de fausses nouvelles est aussi vieux que la politique elle-même.
Quelques réflexions sur les USA à l’occasion du 4 juillet...