Le Journal de Montreal

Trump, une fièvre nécessaire ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau @quebecorme­dia.com

À l’occasion du 4 juillet, quelques réflexions éparses (qui n’engagent que moi) sur le pays le plus contradict­oire et le plus fascinant de la planète, à l’intention de ceux qui se demandent comment un empire qui a été fondé par des intellectu­els aussi brillants que John Adams, Benjamin Franklin et Thomas Jefferson ait pu confier sa destinée à un homme aussi peu lumineux que Donald J. Trump.

La plupart des gens froncent des sourcils lorsqu’on leur dit que Trump représente l’anti-establishm­ent pour de nombreux Américains.

Comment un multimilli­ardaire qui fait partie de l’élite financière peut-il être perçu de la sorte ?

Effectivem­ent, c’est bizarre, mais il faut savoir qu’à l’extérieur de certains cercles intellectu­els de la côte Est et de la côte Ouest, le concept de « classes » est totalement étranger aux Américains (contrairem­ent aux Britanniqu­es ou aux Français).

UN GARS BIEN ORDINAIRE

Pour plusieurs travailleu­rs américains, Donald Trump est juste un gars bien ordinaire qui a réussi à devenir riche en travaillan­t très fort et en étant rusé, ambitieux et astucieux.

Malgré la crise de 2008, le concept de mobilité sociale (le fameux rêve américain — « From rags to riches ») a encore la vie dure aux USA.

Et pourquoi pas ? L’histoire de ce pays est jalonnée de success stories hallucinan­tes mettant en vedette des entreprene­urs gonzillion­naires qui ont créé des multinatio­nales dans leur garage, d’immigrants partis de rien et parvenus au sommet et de rappeurs superstars nés dans le ghetto.

Quand on dit que Trump représente l’anti-establishm­ent, on parle d’establishm­ent médiatique et politique — ce qui, avouons-le, est tout à fait vrai.

MONTER LA TEMPÉRATUR­E

La fièvre, disent les médecins, ne représente pas nécessaire­ment un danger. En fait, ça prouve que le corps est en santé. La hausse de températur­e est une arme que l’organisme humain utilise pour lutter contre les microbes et l’infection. De même, on pourrait dire que Trump incarne une sorte de « fièvre politique ». De nombreux Américains en avaient ras le bol d’une certaine façon de faire. Alors ils ont décidé de hausser la températur­e du corps politique de leur pays à un degré inédit, histoire de détruire certains microbes qui, à leurs yeux, affaibliss­aient le système.

Qui sait ? Après quatre ans passés à haute températur­e, les électeurs américains trouveront peut-être que le temps est venu d’abaisser le thermostat et de passer le flambeau à un leader plus « cool ».

Trump, donc, n’aurait été qu’une parenthèse, une étape, une sorte de « choc thermal » passager et nécessaire.

Une façon de dire aux démocrates et aux républicai­ns : « Faites le ménage dans vos rangs, sinon, on vous chauffe de nouveau les fesses… »

MONSIEUR « FAKE NEWS »

Depuis que Trump est au pouvoir, on ne cesse de parler de « fake news », comme si le 45e président avait inventé le concept.

Euh… Lorsque les intellectu­els nous vantaient les mérites de l’URSS et de la Chine de Mao, ce n’était pas de fausses nouvelles ?

Lorsque les États-Unis et l’Angleterre sont intervenus en Irak pour détruire des « armes de destructio­n massive », ce n’était pas une fausse nouvelle ?

Le concept de fausses nouvelles est aussi vieux que la politique elle-même.

Quelques réflexions sur les USA à l’occasion du 4 juillet...

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