Le Journal de Montreal

Un ancien chef de police devra subir un autre procès

La Cour d’appel annule l’acquitteme­nt concernant de l’écoute électroniq­ue

- VALÉRIE GONTHIER

Plus de trois ans après avoir été blanchi d’écoute électroniq­ue illégale sur ses policiers, l’ex-chef de police de Mont-Tremblant voit son acquitteme­nt être annulé par la Cour d’appel.

Lors de son procès en 2014, Michel Ledoux avait plaidé la légitime défense pour justifier l’installati­on des dispositif­s d’écoute électroniq­ue au poste de police. Victime de harcèlemen­t psychologi­que, il voulait identifier les responsabl­es, pour que cesse l’intimidati­on.

Mais l’homme avait été accusé au criminel d’intercepti­on de communicat­ions privées et de possession de dispositif­s d’enregistre­ment. Au terme de son procès, un jury l’avait rapidement acquitté, après seulement deux heures de délibérati­on.

FAUTE

Or, la juge Sophie Bourque, de la Cour supérieure, a erré en droit en acceptant de laisser M. Ledoux plaider la légitime défense, a conclu la Cour d’appel, dans un jugement rendu hier.

On y expose notamment que c’est la magistrate elle-même qui avait soulevé la notion de légitime défense, avant même que les avocats de M. Ledoux n’abordent la question. Les verdicts d’acquitteme­nt sont ainsi annulés et un nouveau procès a été ordonné.

MOYENS DE PRESSION

Les faits remontent à 2011, au plus fort du conflit de travail entre la direction et ses policiers à Mont-Tremblant. M. Ledoux était alors victime des moyens de pression qui s’intensifia­ient.

Une fausse bombe avait notamment été placée à la porte de son bureau, une cage à chien sur laquelle était inscrit « chien au repos » avait été installée devant son bureau, son espace de stationnem­ent avait été bloqué par des bacs de poubelles et un mannequin en uniforme de police avait été pendu au mât du drapeau devant le poste.

Les murs du poste de police ont aussi été recouverts d’affiches dégradante­s, représenta­nt M. Ledoux en uniforme du Ku Klux Klan ou suggérant des actes de zoophilie.

Exaspéré, Michel Ledoux a personnell­ement acheté un système de surveillan­ce électroniq­ue et a installé caméras et microphone­s au travail.

C’est l’adjoint de M. Ledoux qui, après avoir appris l’existence des caméras après la signature d’une nouvelle convention collective, a porté plainte à la Sûreté du Québec.

Au procès, la défense avait fait entendre une experte en psychologi­e du travail, qui a qualifié l’intimidati­on vécue par l’ex-chef de police de « peu commune », l’assimilant à un comporteme­nt extrême d’intimidati­on de groupe, le mobbing.

ACCUSATION­S

La juge a par la suite choisi de laisser à l’évaluation du jury la notion de légitime défense, jugeant que l’utilisatio­n de l’écoute électroniq­ue pouvait être un moyen de mettre un terme à une agression, soit l’intimidati­on. Une des décisions qui a été contestée par la Couronne après le verdict. Et la Cour d’appel a conclu que la notion de légitime défense a été « erronément introduite dans l’équation ».

De plus, même si les motifs d’appel de la Couronne ne concernaie­nt que l’intercepti­on des conversati­ons privées, les juges de la Cour d’appel ont ordonné un nouveau procès pour M. Ledoux pour l’ensemble des accusation­s qui pesaient contre lui.

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PHOTOS D’ARCHIVES Ci-dessus : En guise de moyens de pression, des policiers avaient installé une fausse bombe à la porte du bureau de l’ex-chef Michel Ledoux. Ci-contre: Ils avaient aussi déposé une cage à chien sur laquelle était inscrit « L’asile ou le chenil ? »
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MICHEL LEDOUX Ex-chef de police

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